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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Réaction aux « Mesures exceptionnelles de la CGSS Gpe pour le Chik »

Certains d’entre vous (mais pas tous je le sais…) ont reçu le 08/08 un mail « URGENT / Mesures exceptionnelles de prise en charge par l’Assurance Maladie du Chikungunya » de la CGSS Guadeloupe contenant les 3 pièces ci-jointes:
Circulaire CGSS Gpe 060814
Mode opératoire Médecins Pharmaciens
Liste des médicaments
Je réagis ici à titre personnel et comme représentante syndicale (MGFrance):
SUR LA FORME, avec un petit RAPPEL CHRONOLOGIQUE:
– décembre 2013: 1er cas de Chikungunya en Caraïbes, faisant redouter une épidémie dont le pic est prédit pour aout 2014.
–  7 mois après (04/07/14): le Conseil d’Administration de la CGSS Guadeloupe propose 2 mesures (100% sur les traitements antalgiques et annulation du délai de carence en cas d’arrêt de travail sur rechute de Chikungunya) annoncées par Mme RESID à la TV… alors que les médecins eux communiquent sur l’automédication et le caractère non obligatoire de consulter…
– 15 jours après (17/07/14): confirmation verbale par la ministre de la santé (Mme TOURAINE), lors de sa visite
– 15 autres jours plutard (mardi 05/08/14): Mme RESID demande à rencontrer en catastrophe les représentants des médecins et pharmaciens.
Appel d’une secrétaire à 12h, pour une réunion le soir même à 17h… annulée 1 heure après… probablement car personne de disponible… la même secrétaire me dit que Mme RESID va me joindre vers 15h… j’attends toujours… pour discuter de la circulaire? Un peu tard, non? Je réponds qu’il ne nous reste plus qu’à appliquer la circulaire dès que le contenu nous sera communiqué…
– mercredi 06/08/14: signature de la Circulaire CGSS Gpe 060814, valable du 17/07 au 01/10/14.
– jeudi 07/08/14:  la CGSS Guadeloupe envoie finalement (à certains) les 3 pièces ci-jointes sans plus d’explication!
Personnellement j’ai reçu le mail  «URGENT/Mesures exceptionnelles de prise en charge par l’Assurance Maladie du Chikungunya » vers 11h et entendu l’info à la radio dans ma voiture à midi…
Par contre:
– vendredi 08/08 je transférais le mail à un moins une consoeur qui ne l’avait pas reçu…
– samedi 09/08 par principe je faisais le test dans une pharmacie… non informée ne fera donc pas le 100%…
Voilà pour la communication auprès des professionnels… et pour le moment rien vu auprès des patients …
Sur la forme toujours: Il serait plus juste de parler du traitement antalgique ou symptomatique que du « traitement du chikungunya »…
Enfin nulle part il n’est précisé si « Dérogation » est à écrire à la main? ou pas? (vous aurez compris le clin d’œil au « ne pas substituer » à la main!)
circu chik cgss
 rechute chik
SUR LE FOND:
– Impact attendu des mesures?
– Remboursement de 65% étendu à 100% sur les antalgiques prescrits aux patients n’ayant ni AME, ni CMU, ni complémentaire santé… soit quoi? 5% de la population? (source rapport IRDES 2012)
– Annulation des jours de carence pour les patients salariés (ce qui exclu les artisans, agriculteurs, commerçants, professions libérales…) qui feront des formes persistantes de chikungunya: soit quoi? encore 5% de la population?  (source INSEE 2011)
– Durée de la mesure: pas de possibilité de rétroactivité… donc actif, disons 9 semaines au mieux, si le dispositif se met en place un jour…
– Prise en charge médicamenteuse réservée aux formes aigues et chroniques, suppose-t-on (mais ce n’est pas explicite) en voyant dans la liste les AINS… alors pourquoi pas les corticoïdes?
Que dire de par la présentation de la liste des antalgiques classés ni par pallier, ni par ordre de priorité en fonction du stade, et avec en tête de liste les AINS qui sont contre-indiqués dans la prise en charge aigue…
Pour rappel: les recommandations de prise en charge adressées aux professionnels de santé sont les suivantes:reco med chik
EN RESUME
Des mesures tardives, issues de l’expérience réunionnaise nous dit-on… « pensées » par la Caisse plus de 6 mois après les 1er cas… dont ni l’utilité (impact minime sur la population), ni la praticabilité (choix des molécules, présentation de la liste, mise en parallèle avec les reco de bonne pratique) n’ont été discutées avec les professionnels (service de maladie infectieuse, comite d’expert des maladies infectieuses et émergeantes, représentants des médecins et pharmaciens…)
Des effets d’annonce médiatiques, une circulaire envoyée par mail sans aucune  communication auprès des médecins prescripteurs, des pharmaciens « délivreurs « , ou des patients concernés…
Il ne faudra pas s’étonner de l’échec de la mise en œuvre d’un dispositif, voué à disparaitre (dès le 1er octobre?)‏