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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

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Automesure tensionnelle.

Nous avions écrit dans un précédent article sur le « Tensiomêtre offert par la Caisse », des bons points de cette offre, et des réserves quand à son utilisation…
Et voilà que les DAM (Délégué de l’Assurance Maladie) viennent nous raconter qu’il faut prêter ce tensiomêtre à nos patients, pour qu’ils s’automesurent…
SAUF QUE:
– brassard inadapté aux « petits » bras
qui fait l’éducation à l’automesure?
comment interpréter des mesures sur 3 jours pour un patient qui ne l’a jamais fait et qui sera donc stressé par le simple fait de prendre sa tension?
Tout cela sans compter le discours des DAM qui vont au feu sans aucune préparation, mélangeant les messages de diagnostic et de suivi, et les reco pour l’instauration d’un traitement… et essayant à tout prix de placer leur documentation plus ou moins adaptée…
POUR RAPPEL:
• la technique d’automesure de la PA: basée sur les reco 2011 SFHTA sur la mesure de la PA pour le diagnostic et le suivi: mesure électrique, brassard huméral de taille adaptée, au repos, en position assise, 3 mesures le matin et 3 mesures le soir sur 3 jours.
SAUF QUE le peu que j’ai vu du « livret d’info de la Caisse » (qui contient beaucoup trop de pages pour être utilisé comme support d’éducation), montre en photo un patient avec un tensiomêtre de poignet, en position bras fléchit sur le thorax…
Si je devais conseiller un livret ce serait celui-ci ou celui du site automesure.com

reco SFHTA PA

• l’éducation: point 3b des reco SFHTA 2011 en 10 points… ou au dos de la plaquette Assurance Maladie « lors du prêt de l’appareil d’automesure, le patient doit être éduqué aux gestes de l’automesure »…
Tout le monde semble donc d’accord sur le fond… mais la forme? « démonstration par un professionnel de santé »??? qui s’y colle? qui rémunère ce temps d’éducation thérapeutique? La CGSS Guadeloupe voudrait nous faire faire le boulot bénévolement??? alors qu‘il existe déjà en Guadeloupe un outil performant: le Programme d’Education à l’Automesure du réseau HTA-GWAD dont ont bénéficié depuis 2011, plus de 2000 patients (fiche d’inclusion PEA téléchargeable), mais cela la DAM qui vient vous parler de l’auto-mesure ne le sait même pas (enfin maintenant oui…) et ne vous en parlera pas… pour info un PEA HTA-GWAD c’est 2 séances de 45 minutes au domicile du patient, effectuées par une IDE formée.
• le receuil et l’analyse des mesures: je vous renvoie vers le site automesure.com et particulièrement l’onglet « mesure » qui renvoie vers une feuille de notation téléchargeable, et l’application hy-result en ligne.
• les valeurs « normales » de TA:
– au cabinet <140/90
– en automesure à domicile <135/85
– en MAPA sur 24h < 140/90 réveillé et <120/70 en dormant
Des chiffres au-dessus doivent faire évoquer une HTA, MAIS cela ne signifie pas toujours qu’il faut traité le patient (voir les reco 2013 SFHTA sur la prise en charge de l’hypertendu)

Actualité sur le DOCCR.

L’AGWADEC souhaite faire passer une information aux médecins concernant le DOCCR (Dépistage Organisé du Cancer Colo-Rectal), le détail dans le courrier AGWADEC en lien, et en résumé:
– Remplacement prévu début 2015 du test HEMOCCULT*2 par le test immun.
Dans l’intérêt de la population cible du DOCCR, l’AGWADEC privilégie l’option de poursuivre les campagnes d’invitation aussi longtemps que des tests restent disponibles
– Le stock de tests restants est estimé entre 4 et 5000 tests chez les médecins et pharmaciens.
Pensez à contacter les pharmacies proches en cas de rupture de votre stock.
– Le cahier des charges des dépistages organisés des cancers préconise l’emploi de courriers d’invitation avec un papier à lettre porteur d’étiquettes « code-barre » d’identification, dont le stock est lui aussi limité… aussi les patients vont bientôt se présenter munis de courriers DOCCR modifiés, et il sera alors demandé aux assurés sociaux d’imprimer les codes-barres, puis de les découper et coller.
– Pour plus d’informations l’équipe de l’AGWADEC reste à votre disposition
Tel : 0590 38 15 03
Mail : agwadec@wanadoo.fr

Actualités cancers et dépistages en Guadeloupe.

Compilation et résumé de l’intervention du Dr Catherine BACHELLIER-BILLIOT de l’AGWADEC, et de la présentation des chiffres du registre des cancers (Dr DELOUMEAUX), qui ont eu lieu le 27/03/2014 aux 3èmes JAC (Journées Antillaises de Cancérolgies), concernant:
K gpeSource: Registre des cancers de Guadeloupe.
• le cancer de la prostate:
Le dépistage ne fait toujours pas partie des recommandations…
Une étude sur les habitudes de prescription du dosage des PSA en dépistage opportuniste  va être lancée par l’AGAWDEC.
En attendant le Pr. BLANCHET fait remarqué qu’un dépistage « organisé » n’atteindrait pas nécessairement un taux supérieur de la population.
Pour rappel, la Guadeloupe est «championne du monde» avec 600/cas/an, avec une moyenne d’age de 68 ans, avec le double de formes métastatiques et de mortalité par rapport à l’Hexagone.

• le cancer du sein (entre 50 et 74 ans):
Le dépistage organisé (DO), entre 50 et 74 ans, c’est:
– 121 000 mammographies réalisées depuis 2004, sur une population cible d’environ 60 000 femmes ( invitées tous les 2 ans ) .
– 7% de mammographies suspectes (ACR3, 4 ou 5)
– 135  cancers diagnostiqués  depuis octobre 2004 (dont 7 à 9% à la seconde lecture)
Pour rappel, on dénombre chez nous, environ 200 cancers du sein/an, dont 34% sont déja étendus (N+ ou M+), avec une moyenne d’age de 56 ans, et particularité locale 29% dans la fourchette 40-49 ans, et  52 % dans la fourchette du DOCS (63 % dans l’Hexagone).
NB1: ADRESSE UTILE pour imprimer en ligne une invitation pour la mammo: https://ssl.voozanoo.net/outre_mer_depistages/>

• le cancer colo-rectal
Le dépistage organisé (DOCCR) s’adresse aux assurés sociaux entre 50 et 74 ans, c’est-à-dire 115 000 assurés invités tous les 2 ans;
– 92 500 tests HEMOCCULTS réalisés depuis mai 2008, soit un taux de participation de 33% pour 2012-2013 atteignant  39.7 % pour 2013
– 1.7% de tests positifs (taux comparable à la métropole , un peu inférieur)
– 80 cancers diagnostiqués, et 120 patients « débarrassés » de polypes à risque.
– A venir les tests auto-immuns avec l’avantage d’un seul prélèvement (à la place des 6 actuels), mais les inconvénients d’une thermostabilité moindre, et d’un délai de lecture inférieur.
Pour rappel, en Guadeloupe on diagnostique 165 nouveaux cas/an, dont 38% à des stades déjà métastatiques.

NB2: Le dépistage organisé du cancer du col de l’utérus, par frottis classique ou recherche HPV (à définir  en fonction des financements des tutelles) est prévu  dans le cadre du 3ème plan cancer. Il  devrait se mettre en place dès que les textes d’application seront parus et notre département devra se prononcer sur la place à laisser à l’auto-prélèvement …

Article relu et corigé par le Dr Catherine BACHELLIER-BILLOT, médecin coordonnateur à l’AGWADEC.

Nouvelles recommandations européennes sur l’HTA.

Les nouvelles recommandations européennes sur l’HTA:
–  à lire (en anglais)
à visionner (synthèse commentée) sur medscape.

On retiendra:
– un objectif tensionnel  inférieur à 140/90, à atteindre et maintenir (éducation thérapeutique et lutte contre l’inertie thérapeutique)
– une mise en avant de l’automesure pour la prise de la tension artérielle
– la quantification du risque cardio-vasculaire  pour adapter « l’agressivité » de la prise en charge comme le montre le tableau ci-dessous en fonction du stade d’HTA et des facteurs de risque.
risque CV reco europ 2013

Gestion des déchets médicaux produits à domicile.

CONTEXTE:
L’idée de cet article m’est venue suite à la question d’une patiente dont l’infirmier et le pharmacien se renvoyaient la balle…
La gestion et l’élimination des déchets de soins produits à domicile, ou le grand écart entre les bonnes pratiques régies par les textes, et les pratiques des patients et des professionnels… entre  ignorance? ou contournement volontaire? de leurs devoirs… mettant en danger les personnes et l’environnement…
Je me croyait une bonne élève en prescrivant à mes patients des collecteurs, mais en posant la question du devenir de ces collecteurs… j’apprends, horrifiée!!! que les pharmacies ne les récupèrent pas et que les patients les jettent dans la poubelle!!! Faites votre enquête vous verrez …
D’où ce rappel des textes…
A DIFFUSER aux patients et aux professionnels (médecins, infirmiers, pharmaciens…)

DEFINITIONS:
Les DASRI, ou Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux et assimilés, sont produits par une activité de soins individuelle (patients) ou collective (professionnels et établissements de santé), et présentent un risque infectieux et de contamination pour l’homme et l’environnement.

En fonction de leur origine ils sont regroupés en trois groupes:
1- les déchets d’activités de soins des établissements de santé
2- les déchets dits « déchets diffus spécifiques » issus de l’exercice libéral médical et para-médical ou vétérinaire, des laboratoires d’analyses, des tatoueurs, des thanatopracteurs… produits en quantités faibles et géographiquement dispersée (cabinets de soins, domiciles des malades, laboratoires)
3- les déchets de tests et de soins des ménages, et des personnes en auto-traitement à domicile (diabète, hépatite, insuffisance rénale, sclérose en plaques, hémophilie…)

CE QUE DISENT LES TEXTES:
Toute personne qui produit des déchets
définis à l’article R 1335-1 du code de santé publique est tenue de les éliminer.
Lorsque la quantité de déchets regroupée dans un même lieu est supérieure à 15 kg/mois, le site doit être déclaré auprès de L’ARS.

Le producteur de déchets de soins est responsable de ceux-ci jusqu’à leur élimination finale par le biais de filières agrées (le fait de confier ses déchets à un prestataire n’exonère pas de sa responsabilité).
Cette notion de responsabilité est transférée aux « personnes chargées de l’élimination des déchets » qui prennent en charge les DASRI produits par les patients en auto-traitement.

Lorsque le soin est réalisé ( même à domicile) par un professionnel de santé, le professionnel qui fait le soin devient le « producteur », et le responsable du conditionnement, du stockage, du transport et de l’élimination des déchets.

Lorsque le patient est en auto-soin l’article L. 4211-2-1 de la loi HPST stipule précisément que le pharmacien doit se charger de récupérer les déchets de soins de ses clients.

L’utilisation de conteneurs spécifiques est obligatoire depuis un arrêté du 26 décembre 2004. L’article R. 1335-5 du code de la santé publique rappelle l’obligation de séparer les DASRI des autres déchets.
Il est formellement interdit d’utiliser d’autres récipients sous peine d’encourir une amende ou de l’emprisonnement, notamment en cas d’accident des agents de tri.

La traçabilité doit s’exercer tout au long de la filière d’élimination. Elle passe par une convention, établie entre le producteur de déchets et le prestataire de collecte, ainsi que par l’établissement de bordereaux de suivi accompagnant le déchet jusqu’à sa destruction finale.

Les professionnels de santé (infirmières, médecins…), même en intervention à domicile chez leur patient pour un acte de soin, ne peuvent utiliser les collecteurs des patients. Pour exercer réglementairement, ils doivent avoir un contrat avec une société chargée du transport et de l’élimination de leurs propres déchet, qui remet ensuite au producteur une attestation de destruction de ses déchets.

POUR LES PATIENTS EN AUTO-TRAITEMENT, un flyer d’information est disponible, et qui traite les points suivants:
Qui fournit et traite les collecteurs?
La nouvelle filière de collecte REP (Responsabilité élargie du producteur) est déployée depuis novembre 2011. Elle sera opérationnelle sur tout le territoire à la fin de l’année 2013. Elle a vocation à distribuer, collecter et traiter ces collecteurs.
Elle est gratuite pour le patient. Le coût de cette filière étant à la charge des industriels de la santé.
L’article R. 1335-8-2 du code de la santé publique  prévoit que les producteurs (exploitants de médicaments, fabricants de dispositifs médicaux, fabricants de dispositifs de diagnostic in vitro, etc.) mettent gratuitement à disposition des officines de pharmacie et des pharmacies à usage intérieur (pour les établissements de santé) des collecteurs de déchets d’une quantité correspondante à celle des matériels piquants ou coupants mis sur le marché.
Et l’article R. 1335-8-3 prévoit que les pharmacies remettent gratuitement aux patients en auto-traitement des collecteurs vides.
Les points de collecte sont des lieux où ces patients pourront rapporter les conteneurs pleins, lesquels seront récupérés et traités par des opérateurs. D’ici la fin de l’année 2013, ces points de distribution et de collecte seront déterminés région par région et référencés sur le site de l’association DASTRI, éco-organisme agréé depuis décembre 2012.
E
n attendant l’article R. 1335-8-5 II du Code de la santé publique dans le décret de 28 juin 2011 créé l’obligation, à charge des officines de pharmacies, des pharmacies à usage intérieur et des laboratoires de biologie médicale, de collecter gratuitement les DASRI perforants produits par les patients en auto-traitement qui leur sont apportés par des particuliers, en l’absence de dispositif de proximité spécifique.
dasri

POUR LES PROFESSIONNELS, la liste des prestataires qui collectent et traitent les DASRI est disponible sur le site du  guide des déchets de la Guadeloupe.
Seules 2 sociétés font la collecte et le traitement (incinération): e-compagnie (0590 25 14 24) et TECMED (0590 60 51 15), à Petit-Bourg.
Les autres n’effectuent que la collecte (par ordre alphabétique):
• CANON HYGIENE à Ste-Rose (0590 28 57 65)
• FPST à Gosier (0590 21 04 63)
• IGETHERM à Baie-Mahault (0590 26 16 83)
• MEDICLINET à Petit-Pérou, Abymes (0590 88 16 21)
• MEDICOPACK à St François (0590 88 71 97)
• PROGIENE CARAIBES, à la Jaille, Baie-Mahault (0590 23 13 44)
• THERMODAS à St François (0590 73 47 48)

Sources: articles R.1337-1 à R.1337-17 du Code de Santé Publique.

Outil: Estimation de la fonction rénale

Ce calculateur permet d’estimer la filtration glomérulaire par l’équation MDRD (fonction de l’age, du sexe, et de l’ethnie), et la clairance de la créatinine par l’équation de Cockcroft-Gault (fonction de l’age, du sexe et du poids).

EN PRATIQUE:
Les laboratoires rendent un résultat MDRD « politiquement correct » qui tient compte de l’age et du sexe, mais pas de l’ethnie. Il convient donc pour nos patients afro-américains de multiplier par 1.21 le résultat.

Pourquoi vouloir stopper le DSM5?

Le DSM (Diagnosic and Statistical Manual) publié par l’APA (Association de Psychiatrie Américaine), est un manuel de référence qui classifie et catégorise des critères diagnostiques concernant les troubles mentaux pour la recherche, l’épidémiologie et la pratique clinique.

A noter qu’en Europe (et l’OMS notamment), on utilise la 10ème version de la Classification Internationale des Maladies (CIM10 ou ICD 10 en anglais), pour la classification de toutes les maladies (et pas seulement mentales).

La sortie de la 5ème version du DSM dite DSM5 est prévue pour le 20 mai 2013, mais de nombreuses voix s’élèvent contre depuis plusieurs mois et dans plusieurs pays:
– aux USA, avec des actions comme l’open letter de l’American Psychological Society (APS) qui a été signée par plus de 14 000 personnes
– en Europe continentale et en Amérique du Sud, l’implantation du mouvement STOP DSM
– en France, l’un des porte-paroles du mouvement STOP DSM est le Dr Patrick LANDMAN, psychiatre.

Une interview de 3 minutes pour FréquenceM, résume la situation édifiante: entre la version 3 et la version 5 du DSM, ont été référencés 250 nouveaux troubles mentaux !!!???
On ouvre là une grande porte au sur-diagnostic (par abaissement des seuils d’inclusion), à la sur-médicalisation, et enfin à la sur-prescription, pour aboutir à une encore plus grande consommation de psychotropes!!!

Un article du Dr LANDMAN sur le site stop-dsm.org détaille comment l’industrie pharmaceutique fabrique de nouveaux psychotropes en entretenant une pathologisation toujours croissante des émotions et des comportements, une «médicalisation croissante des émotions avec une disparition de la distinction entre le normal, ses variations et le pathologique, une inflation de diagnostics psychiatriques très contestables cliniquement et scientifiquement (…) avec pour résultat la prescription de psychotropes de plus en plus élargie aux enfants, les conséquence médicales des effets secondaires des psychotropes comme l’obésité, les troubles cardiaques, l’addiction ou l’overdose, les accidents de la circulation, la désinhibition et les passages à l’acte» avec en parallèle un «désintérêt croissant pour le contexte psychologique et social de toutes les pathologies mentales» et de «nombreux « guide lines » qui sous prétexte d’aide au diagnostic favorise chez les médecins (…) des réponses médicamenteuses aux plaintes existentielles qui leur sont adressées sans bénéfices évidents pour les patients qui pourraient recevoir d’autres réponses thérapeutiques»

Ces initiatives ont abouti à la constitution de deux comités qui collaborent : Le Comité de Boycott du DSM5 et le Comité international de réponse au DSM5, dont vous pouvez signer les pétitions au liens suivants:
– http://www.ipetitions.com/petition/boycott5/
http://www.ipetitions.com/petition/protectnormal/