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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Equivalence HbA1c-fructosamine.

Dans notre population antillaise les hémoglobinopathies sont fréquentes, et nous nous retrouvons parfois avec des patients diabétiques pour lesquels il est impossible de faire le dosage de l’HbA1c, et pour qui le laboratoire va donc vous proposer de faire un dosage de la fructosamine… mais encore faut-il savoir l’interpréter
Ce qu’il faut savoir:
– la fructosamine est une association de glucose et de protéines circulantes (albumine majoritairement).
– son turnover est de 14 à 21 jours, contre 100 à 120 jours pour l’HbA1c .
une fructosamine entre 258 – 317 μmol, équivaut à une HbA1C entre 6 et 7%.
fructo 3.

.

HbA1c = 0.017 x fructosamine + 1.61

Fructosamine = (HbA1c -1.61) x 58.52

 

 

Source: http://www.diapedia.org/management/fructosamine
A lire aussi: les limites de l’HbA1c

Les limites de l’HbA1c.

L’idée de cet article et de cette recherche biblio est venue de la constatation clinique de la non corrélation (sur plusieurs mesures), chez certains patients entre  hémoglobine glyquée A1c (HbA1c) et glycémie à jeun.

hba1c

Le tableau ci-dessus issu de l’étude internationale ADAG, Nathan, 2008 portant sur des patients sélectionnés (75% caucasiens, 15% d’origine africaine, sans grossesse, ni anémie, ni hémoglobinopathie, ni traitement interférant avec le dosage), montre le large intervalle de confiance (95%) des variations inter-individuelles des moyennes glycémiques à partir de la valeur d’HbA1c.

Et l’article Les pièges de l’HbA1c du Dr A. WOJTUSCISZYN, du Département d’Endocrinologie, Diabète et Nutrition, Institut de Recherche en Biothérapie, Laboratoire de Thérapie Cellulaire du Diabète, au CHRU de MONTPELLIER, fait un point sur les limites de l’HbA1c, avec notamment:
– des variabilités inter-individuelles du processus de glycation de l’hémoglobine:
• les glycémies des 30 derniers jours étant responsables de 50 % de la valeur, contre 10% pour les taux entre 90 à 120 jours.
l’existence de “glycateurs rapides » et d’autres « lents” qui pour une même glycémie moyenne, présenteront des taux d’HbA1c différents.
– la fréquence des situations cliniques (physiologiques ou pathologiques) qui faussent la mesure:
l’ethnie est un facteur de variabilité des valeurs d’HbA1c, montré notamment dans les études Differences in A1C by race and ethnicity, DDP, Herman, 2007 (différences significative des taux d’HbA1c entre Caucasiens et Afro-Américains), Screening… with proposed A1C-based diagnostic criteria, Olson, 2010 (possible surestimation des diagnostics de diabète chez 1,8 % de la population noire américaine, contre 0,3 % de surestimation chez les “blancs” non hispaniques), et Racial Differences in the Relationship of Glucose Concentrations and Hemoglobin A1c Levels., 2017 juin.
• la présence d’hémoglobine anormale est source d’erreurs: la présence d’une hémoglobine foetale (HbF) majorant le résultat tandis qu’à l’inverse  les hémoglobines S et C (fréquemment présentes dans les populations d’origine africaine) minorent le résultat.

En pratique on retiendra parmi:
Les situations qui surestiment
le dosage de l’HbA1c:
– hypertriglycéridémie,
insuffisance rénale/hyperurémie (Hb carbamylée),
anémies et déficit en fer, vitamine b12, folates,
– splénectomie,
– abus d’opiacés, d’alcool ou d’acide acétylsalicylique (PH acide),
– hyperbilirubinémie,
– présence d’hémoglobine foetale (HbF),
ethnie (Africain/Africain-Américain).

Les situations qui sous-estiment le dosage de l’HbA1c:
– vitamines C et E,
– maladie hépatique chronique,
– hémodialyse,
– hémolyse,
– transfusion sanguine,
présence d’HbS et C,
– splénomégalie,
– médicaments : dapsone, antiviraux, interféron, fer, EPO…
– grossesse

Source: Article Les pièges de l’HbA1c du Dr A. WOJTUSCISZYN, du Département d’Endocrinologie, Diabète et Nutrition, Institut de Recherche en Biothérapie, Laboratoire de Thérapie Cellulaire du Diabète, au CHRU de MONTPELLIER.

Nouvelles reco dans le diabète de type 2.

Les nouvelles recommandations de la HAS sur la stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2 sont arrivées… avec différents documents mis à disposition:
¤ La fiche mémo des objectifs glycémiques en fonction du type de patient (age, ancienneté du diabète, espérance de vie, pathologies associées…)
¤ La synthèse des recommandations (document HAS)
¤ Reco2clics: le résumé synthétique dont on retiendra le schéma thérapeutique « cas général »

dnid reco cas gen

Par rapport aux précédentes recommandations (2006), on note:
la confirmation la metformine en 1ère intention, avec une recommandation claire concernant son utilisation chez les patients insuffisants rénaux dont la clairance de la créatinine se situe entre 30 et 60 ml/min/1,73 m²: ne pas dépasser 1 500 mg de metformine par jour.
– la place des sulfamides en 2ème intention (bithérapie, et intolérance ou contre-indication à la metformine)
la disparition du paysage des glitazones
– la place en 3ème intention des inhibiteurs des alpha-glucosidases et des nouvelles molécules
• conséquence logique de la confirmation de la faible efficacité des inhibiteurs des alpha-glucosidases et des inhibiteurs de la DPP4 (baisse moyenne de 0.8% d’HbA1c), pour une tolérance que l’on sait médiocre pour les premiers, et pour les seconds un manque de recul sur les effets indésirables et un coût journalier non négligeable (Glucor® 50 ou 100 mg d’acarbose x 3/jour = 0,52 à 0,68 €/ jour, contre Januvia®/Xelevia®: 100 mg de sitagliptine x 1/jour = 1,79 €/jour)
• inhibiteurs de la DDP4, mais pour combien de temps encore sur le marché? La sitagliptine reste la seule encore autorisée (AMM) et remboursée dans cette indication. (Lire les avis de la commission de transparence de septembre 2012, et les synthèses pour en mono ou bithérapie et en trithérapie qui ont eu pour conséquence le déremboursement en mono ou bithérapie, suite au passage en ASMR IV = pas des service rendu).
• analogues GLP1 si IMC ≥ 30

Enfin pour la petite histoire, on se rappellera que les précédentes recommandations de 2006 avaient été abrogées en avril 2011, suite à un recours déposé en 2009 par Formindep, auprès du Conseil d’État contre deux recommandations de la HAS (DNID et Alzheimer), pour non respect des règles de conflits d’intérêts des experts… Dans les suites de la décision du Conseil d’Etat, la HAS était également condamnée à verser 1500 euros à l’association Formindep, et retirait « spontanément » sa recommandation dans la maladie d’Alzheimer