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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Le DOCCR en Guadeloupe: Généralités.

Plusieurs études randomisées internationales (Funen, Minnesota, Nottingham), ont établi que l’organisation d’un dépistage du cancer colorectal, fondé sur la réalisation d’un test de recherche de sang occulte dans les selles tous les deux ans suivie d’une coloscopie en cas de positivité du test, permet de réduire de 14 à 16% la mortalité par cancer colorectal dans la population cible sous réserve d’un taux de participation entre 50 à 60%, et d’un taux de réalisation de la coloscopie suite à un test positif entre 85 et 90%. Les personnes réalisant le test diminuent leur risque de décès par cancer colo-rectal de 33%.

Après à une phase d’expérimentation menée en France à partir de 2002, le programme de Dépistage Organisé du Cancer Colo-Rectal (DOCCR) a été généralisé progressivement en 2008-2009.

Le DOCCR est proposé tous les 2 ans, aux assurés sociaux, hommes et femmes, âgés de 50 à 74 ans inclus, et s’appuie sur une stratégie en deux temps :
1) réalisation d’un test au gaïac de recherche de sang dans les selles. Ce test est à réaliser à domicile (deux fragments de selles à prélever sur trois selles consécutives). La valeur prédictive positive du test au gaïac est de 7,5% pour un cancer colo-rectal et de 30 à 40% pour un adénome (dont 19,6% représentent des adénomes avancés).
2) réalisation d’une coloscopie en cas de positivité du test (2 à 3% des cas).

Doocccr

EN FRANCE :
Le cancer colo-rectal est aujourd’hui, avec près de 40 500 nouveaux cas estimés en 2011, le troisième cancer le plus fréquent, et le deuxième cancer en termes de mortalité après le cancer du poumon.

En 2012, le taux moyen de participation au DOCCR est de 34% (inférieur à l’objectif européen minimal « acceptable » de 45% de participation).

carte doccr invs 2012

EN GUADELOUPE, l’Association Guadeloupéenne pour le Dépistage des Cancers (AGWADEC) gère le DOCCR depuis mai 2008.

Depuis 2008, 740 000 courriers (invitations + relances) ont été envoyés, et l’envoi de 11 courriers en moyenne est nécessaire pour obtenir la participation d’un individu (13 pour un homme et 7 pour une femme).
En 2011-2012, 48 803 hommes et 57 786 femmes ont été invités au DOCCR.

Le taux de participation varie en fonction des années : 40.1% en 2009 (défiant toutes les prévisions) avant de chuter à 20.2% en 2010, remonter à 28.8% en 2011 et stagner à 27.7% en 2012.

La répartition des tests lus est la suivante:
70% concernent des assurés sociaux âgés de 50 à 64 ans et 30% des assurés de 65 à 74 ans, alors que l’incidence du cancer augmente avec l’âge.
– 37% concernent des hommes et 63% des femmes, alors que le cancer touche 1.6 fois plus d’hommes que de femmes.
– 90% des tests restent négatifs, 2% positifs (soit 1255 test depuis 2008) et 8% non analysables, non refaits.

Le suivi (au 31/12/12) des 1255 patients testés positifs depuis 2008 est le suivant :
– 12 coloscopies non faites (contre-indication (6), mauvaise indication du test avec coloscopie récente (4) ou refus (2)).
– 8 décès par cancer colo-rectal, par complication avant exploration (2), et par cause intercurrente (6).
888 coloscopies réalisées: 6% dont le résultat est non connu, 44% normales, 6 % de cancers confirmés histologiquement (soit 53 cas), 26.6% de polypes à risque ou non, et 22% de lésions  bénignes autres (parasitose, diverticulose…).
– 347 patients en attente d’un retour d’information (tests positivés depuis moins de 18 mois pour la plupart).

Parmi les 53 cas de cancers confirmés:
– 50% surviennent entre 50 et 64 ans, et 50% entre 65 et 74 ans
– En classification TNM, les résultats anatomopathologiques sont répartis de la façon suivante :

  • Taille T: 62% pT0, 21% pTx, et les 17% restants pT1, 2 ou 3
  • Statut ganglionnaire N: 35% pN0, 46 % pNx, et 19% pN1 ou 2.
  • Existence de métastases M: 4% M0, et 96% Mx faute de renseignements exploitables.

Actualités:
– Campagne de sensibilisation «mars bleu 2013» du 3 au 24 mars 2013.

A partir du 1er mars 2013, l’AGWADEC a obtenu de l’INCA une dérogation pour expérimenter une nouvelle modalité de distribution des tests en relance R2 avec les alternatives suivantes:
• Retour à l’AGWADEC (dans une enveloppe T pré-affranchie jointe) d’un coupon-réponse demandant l’envoi du test au domicile (façon de cibler les assurés motivés et sensibilisés).
• Délivrance gratuite (et sans questionnaire de santé) du test dans les pharmacies volontaires, sur présentation de la relance R2 et contre remise du  bon qui l’accompagne.
Le recours au médecin référent restant la recommandation faite aux assurés sociaux.

– En 2014, à l’Hémoccult 2® devrait succéder le test immun réputé plus sensible et plus spécifique (taux de positivité de 4% contre 2% actuellement), et nécessitant un seul prélèvement (versus 6 pour l’Hémoccult 2® à raison de 2 prélèvements par selle sur 3 selles successives).

Article écrit par le Dr Catherine Bachellier-Billot, médecin coordonnateur à l’AGWADEC.

Sources : espace professionnels DOCCR du site e-cancer.frétude InVS, sur la participation au DOCCR 2010-2011

Le DOCCR en Guadeloupe: Actualités en 2013.

Cette année, la campagne de sensibilisation «MARS BLEU» pour le Dépistage Organisé du Cancer Colo-Rectal (DOCCR), aura lieu du 3 au 24 mars.

EN GUADELOUPE, l’AGWADEC (Association Guadeloupéenne pour le Dépistage des Cancers) propose depuis mai 2008, le DOCCR, selon des modalités identiques à celles appliquées sur l’ensemble du territoire français (campagne tous les 2 ans, visant la «population cible» des assurés sociaux âgés de 50 à 74 ans inclus, et utilisant un test de recherche de saignement occulte dans les selles, actuellement Hémoccult 2®).

Devant des taux de participation notablement insuffisants (inférieur à 30%), l’AGWADEC a obtenu de l’Institut National du Cancer (INCa), une dérogation pour expérimenter une nouvelle modalité de distribution des tests en relance R2.

En effet, le taux de participation était de 40.1% en 2009 (défiant toutes les prévisions), avant de chuter à 20.2% en 2010, remonter à 28.8% en 2011 et stagner à 27.7% en 2012.
Une des explications avancées est la difficulté qu’aurait une proportion importante de la population à en comprendre le mode d’emploi.

Le DOCCR est organisé selon le Cahier des Charges des Dépistages Organisés (publié au JO du 21 12 06) qui prévoit  que la structure de gestion (l’AGWADEC pour nous) envoie un premier courrier (dit «lettre d’invitation»), suivi à 3 mois d’une relance (dite «relance R1»).
Ces deux courriers préconisent à leur destinataire de s’adresser à leur médecin traitant pour se faire remettre gratuitement le test, après que ce dernier a vérifié que le patient entre dans les critères du DOCCR (ni cause d’exclusion, ni facteurs de risque personnels ou familiaux de cancer colo-rectal ni symptomatologie imposant la coloscopie d’emblée).

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En l’absence de réponse signalant une cause d’exclusion et si aucun test n’est enregistré par le Centre de Lecture des Hémoccult (CLH), une deuxième relance (dite «relance postale ou relance R2») est expédiée à 6 mois, au domicile de l’assuré, accompagnée du test.

Ce protocole est appelé à se renouveler chaque deux ans, de 50 à 74 ans inclus, si les tests successivement réalisés restent négatifs.

L’envoi de 11 courriers en moyenne, est nécessaire pour obtenir la participation d’un individu (13 pour un homme et 7 pour une femme).
En 2009 et 2010,  un peu plus de 40% des tests réalisés avaient été pratiqués consécutivement à la lettre d’invitation, 20% à la relance R1 et  un peu moins de 40% à la relance R2, confirmant son importance. Le déséquilibre en faveur de la relance R2 augmente avec les années et dépasse les 46 % de tests lus en 2012.
Au final, seuls 5000 à 6000 tests sont effectués sur les 32-35 000 envoyés chaque année, et cette relance R2, (avec envoi postal du test) grève lourdement le budget de fonctionnement de l’AGWADEC (> 90 000 euros pour la seule année 2012).

Dans le cadre d’un appel à projet validé par l’INCa en juillet 2012, l’AGWADEC a donc obtenu l’autorisation de modifier les modalités d’envoi de la relance R2, et de proposer :
soit le retour à l’AGWADEC (dans une enveloppe T pré-affranchie jointe) d’un coupon-réponse demandant l’envoi du test au domicile. Cette modalité ne diffère pas du protocole actuel mais cible les assurés motivés et sensibilisés.
soit la délivrance gratuite du test, dans les pharmacies volontaires, sur présentation de la relance R2 et contre remise du  bon qui l’accompagne.

Cette alternative découle des observations suivantes :
• 
Sous médicalisation du département, notamment en terme de médecins généralistes.
• Surcharge de travail des médecins encore accrue lors des différents épisodes d’épidémie (dengue, grippe, gastro-entérites…) traversées chaque année.
• Tradition locale de recours au pharmacien comme source privilégiée d’information dans le domaine de la santé.
• Large représentation des officines sur l’ensemble du territoire départemental (COM comprises).
• Implication croissante des pharmaciens dans le domaine de la Santé Publique.
• 
Accessibilité du pharmacien généralement ressentie comme «plus grande» que celle du médecin.
• Se rendre en pharmacie est vécu comme moins «dramatique ou anxiogène» que chez le médecin.
Il n’est pas exclu que  la «gratuité de la visite» chez le pharmacien sera un atout supplémentaire face à l’éventuelle dépense générée par la consultation médicale.

A partir du 1er mars 2013, l’AGWADEC met donc à disposition des pharmacies intéressées et sur la base du VOLONTARIAT, un stock renouvelable de tests de recherche de saignement occulte dans les selles (actuellement Hémoccult 2®), à remettre GRATUITEMENT et SANS questionnaire de santé (pour respecter le secret médical et éviter tout problème de responsabilité médico-légale), aux assurés uniquement sur présentation de la lettre «R2» et contre remise du  bon qui l’accompagne dorénavant.

L’AGWADEC mise sur le fait que le pharmacien sera à même de délivrer une  information de qualité sur le cancer colorectal et son dépistage,  et de renforcer les explications fournies quant au mode d’emploi du test, ce qui contribuera à diminuer le nombre de tests non analysables non refaits (actuellement 8%).

Grâce à l’engagement de tous les professionnels de santé, l’AGWADEC espère accroître la participation départementale de plus de 10%, et franchir de nouveau en 2013-2014 le seuil des 40% enregistré en 2009.

Article écrit par le Dr Catherine Bachellier-Billot, médecin coordonnateur à l’AGWADEC.