Les médicaments ont des effets indésirables… rien de nouveau mais il est intéressant d’avoir déja des données de pharmaco-vigilance sur les molécules mises en avant, en attendant les études (de qualité) qui démontrent leurs éventuelles efficacités dans l’indication COVID19…
D’où encore plus l’intérêt de surveiller les effets indésirables (eux déja connus), et ne pas aggraver les patients pour qui la balance bénéfice risque ne pencherait pas du bon coté.
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COVID19: Synthèses des connaissances
2 synthèses intéressantes et documentées.
-synthese-covid19 04/04/20
– SARS-CoV-2 et Covid-19, 09/04/2020 avec des dispos notamment sur les tests sérologiques
COVID19: Actualités Prescrire
Actualités Prescrire: Covid-19 et essais de médicaments : que faire des premiers résultats d’évaluation ?
et Covid-19 et hydroxychloroquine : prudence à partir de l’étude randomisée chinoise publiée début mars 2020, sur 30 patients , qui n’a pas montré d’efficacité clinique de l’hydroxychloroquine, et n’exclue pas l’hypothèse qu’elle puisse aggraver parfois le covid-19
COVID19: La piste de l’hydroxychloroquine
Copié/collé de la liste de discussion de la Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française: biblio du moment autour de l’hydroxychloroquine
Il est connu depuis bien longtemps que la chloroquine (C) et son dérivé l’hydroxychloroquine (HC) inhibent in vitro la réplication des virus enveloppés dont le relargage du génome dans le cytosol par fusion de la membrane virale avec celle de l’endosome requiert une acidification. En effet, ces drogues bloquent l’acidification du pH endosomal. Ces données sont bien connues des virologues. Il a été montré il y a quelques semaines que, comme attendu, la C et l’HC ont une activité antivirale sur le SARS CoV 2 in vitro
https://www.nature.com/articles/s41422-020-0282-0
https://www.nature.com/articles/s41421-020-0156-0
Il est possible que la C et l’HC agisse également par d’autres mécanismes, et ces points doivent être étudiés. Cela n’implique pas nécessairement cependant que ces drogues ont une activité antivirale in vivo chez l’être humain. Il y a eu en effet moult essais décevants, concernant le virus de la dengue (pas de bénéfice) ou du chikungunya (effet délétère), donc conclure que ce traitement va être efficace avant de l’avoir testé est problématique. L’article du virologue X. de Lamballerie explique bien cela.
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166354220301145?via%3Dihub
Il y a quelques semaines un article de deux pages a été publié, qui dit sans montrer aucun résultat que des essais cliniques conduits en chine ont montré une efficacité.
https://www.jstage.jst.go.jp/article/bst/14/1/14_2020.01047/_pdf/-char/en
Si ces essais ont été bien conduits et les résultats probants, ils ont toutes chances d’être sous presse dans une grande revue (ou sont en voie de l’être), comme cela vient d’être le cas pour l’article sur lopinavir et ritonavir dans le NEJM. Cet essai n’a pas montré d’efficacité.
https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2001282
Dans la vidéo suivante https://www.youtube.com/watch?v=8L6ehRif-v8 Didier Raoult fait référence à ces essais sur la C/HC conduits en Chine, dont les résultats ne sont toujours pas à ce jour disponibles, et propose que ce traitement soit utilisé à large échelle. Il a également décidé de démontrer que l’HC a une efficacité in vivo contre le SARS-CoV-2 en conduisant une étude, dont les résultats viennent d’être publiés :
La suppl. fig. 1 illustre que ces résultats sont préliminaires. Seul la charge virale chez des patients asymptomatiques ou peu graves a été évaluée. Il semble que certains de ces malades étaient en fin d’infection :
D’autre part les conditions de la publication de cet article ont soulevé des questions
https://www.redactionmedicale.fr/
Ces interrogations ne veulent absolument pas dire que l’HC n’a pas d’intérêt dans le traitement du COVID. Pour le savoir, il faut l’évaluer scientifiquement en suivant la méthodologie des essais cliniques. Ceci est en cours dans des essais qui prennent un peu de temps car travailler avec méthode le nécessite, même dans l’urgence. Au cas où une réelle efficacité antivirale / SARS-CoV-2 est prouvée, ce que tous souhaitent, il faudra préciser les indications d’un tel traitement : En prévention, pour traiter tous les cas et leurs contacts en sortie de confinement et empêcher la reprise de la transmission ? En prévention d’une infection grave chez les personnes à risque d’en développer (définir cette population). En traitement de la maladie grave ? Peut-être pas uniquement car à ce stade, l’aggravation brutale qui survient (ARDS) n’est sans doute pas uniquement la résultante d’une réplication virale incontrôlée mais d’une réaction inflammatoire qui s’emballe. C’est la raison pour laquelle sont aujourd’hui testées des drogues tels quel des anti IL1 et IL6, qui pourraient avoir un intérêt.
Enfin ces drogues sont en quantité limitées pour l’instant même si les laboratoires pharmaceutiques ont lancé en prévision d’un usage potentiel large une production massive. Dire à tous par youtube et twitter interposés et dans la presse grand public qu’il faut absolument prendre ce traitement miracle semble dangereux car cela risque engendrer une pénurie qui pourrait avoir un impact sur les patients qui en auraient le plus besoin. D’autre part ces molécules, quand bien même elles sont utilisées avec succès dans l’équipe de Didier Raoult et au-delà depuis de nombreuses années, ne sont pas dénuées de toxicité, surtout si elles sont utilisées à grande échelle. La C/HC allonge le QT, et peut donc engendrer des arrêts cardiaques, et ainsi provoquer plus de morts que sauver de vies s’il est utilisé sans discernement. De plus l’azithromycine, qui est proposé en association et pourrait avoir un intérêt également, augmente également le QT. Il apparaît donc potentiellement dangereux de proposer ce traitement de masse sans en avoir évalué les conséquences éventuelles.
Ceci n’empêche pas de nombreux collègues cliniciens, en France et dans le monde, d’utiliser l’HC dans la prise en charge du COVID, dans l’attente de résultats des essais cliniques, compte tenu de la gravité de la situation. Cette approche est différente de la communication au grand public d’informations qui semblent définitives alors qu’elles ne le sont pas.
COVID19: Conduite à tenir pour les médecins de ville
A lire : stratégie de gestion et d’utilisation des masques
Ce jour, passage officiel au stade 3 de l’épidémie pour la France (officieusement c’était déjà le cas pour certains départements métropolitains, et ce n’est pas encore évident chez nous mais ne le tardera pas…), avec la déclinaison des recommandations en médecine de ville:
– EVIDEMMENT lavage des mains entre chaque patient…
– ventilation des locaux, désinfection au moins quotidienne des surfaces (poignées, mobilier…) et matériels (téléphone, clavier, thermomètre, stéto…)
– port de masque toute la journée (a changer toutes les 3-4h si ni mouillé, ni souillé)
– pour l’examen des cas suspects : gants et idéalement des sur-blouses et des thermomètres sans contacts… autant dire qu’on est loin d’être équipés comme il faudrait… sans compter les masques pour les patients…
– pré-tri des patients avant même la salle d’attente, et aménagement de tranches horaires séparées réservées aux cas suspects
– prise en charge ambulatoire des cas sans signes de gravité
A lire la fiche de PEC ambulatoire avec notamment tous les conseils à donner
– prise en charge hospitalière pour les patients avec signes de gravité
– suivi par téléphone et /ou téléconsultation (risque d’aggravation autour de J8)
– traitement symptomatique: hydratation et comme antalgique/anti-apyrétique le PARACETAMOL, à la dose de 60 mg/kg/jour sans dépasser 3 g/jour chez les enfants, et 4 g/jour chez les adultes de plus de 60kg.
Les AINS et corticoïdes doivent être proscrits dans cette indication, comme dans beaucoup de viroses (notamment dengue) et infections ORL ou cutanées.
Pour plus de détails sur les présentations cliniques et les signes de gravité/aggravation: https://www.hcsp.fr/Explore.cgi/Telecharger?NomFichier=hcspa20200305_coviprisenchardescasconf.pdf
Enfin petits conseils pour vous protéger vous et votre entourage:
Mettez une blouse, changer la quotidiennement, et la laisser au cabinet de préférence. Enlever vos vêtements dans l’entrée ou le garage et mettez les vous-même dans la machine à laver.
Vaccinations : une histoire de santé publique et de controverses sociales

Je vous invite à lire ce très bon article « Vaccinations : une histoire de santé publique et de controverses sociales » de la Revue Prescrire, qui retrace l’histoire de la vaccination en commençant par la variole et en passant par la poliomyélite et la tuberculose…, et les débats qui ont toujours agité la société, avec l’opposition entre intérêt public et liberté des individus… n’empêche qu’aujourd’hui la variole est éradiquée, et que ceux qui peuvent polémiquer ont la chance de ne pas faire partie des décédés de la rougeole par exemple.
Dossier LPP: outil indispensable pour les prescriptions de matériel.
Enfin à disposition des prescripteurs, le Dossier LPP est un outil longtemps attendu… qui a notamment pour but de faciliter la recherche des informations (type de patient concerné, délai de renouvellement…), et permettre ainsi aux prescripteurs de répondre aux demandes parfois abusives des patients et/ou des prestataires… en respectant les indications et les « bonnes pratiques ».
Nous saluons le travail accompli par les rédacteurs (notamment le Dr Loraine DELSOL).
PLAN du document:
Synthèse des situations les plus souvent rencontrées: page 1