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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

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Tribune à signer « Halte à la fraude scientifique »

Pour signer la tribune « Halte à la fraude scientifique » notamment déja signée par les société de pathologie infectieuse (SPILF), de pneumologie (SPLF) et de réanimation (SRLF) de langue française, la société française de pédiatrie (SFP), le Collège National des Généralistes Enseignants (CNGE), et plein d’autres…

« Halte à la fraude scientifique

Cette pandémie est la première dans l’histoire de la science moderne.
Les moyens déployés et la mobilisation des chercheurs ont été sans précédent.
Tous les projecteurs étaient braqués sur le monde de la recherche, ce qui aurait contribué à démocratiser et rendre attractif ce domaine parfois vu comme lointain ou inaccessible.

Nos concitoyens étaient en droit d’exiger la science la plus sérieuse et honnête, dans l’intérêt supérieur de l’Humanité.
Force est de constater qu’ils ont été surpris et déçus.
Au lieu d’une unification des forces, ils ont assisté à une dispersion des moyens à l’échelle mondiale, européenne, et même nationale, nourrie par une impréparation et des égoïsmes, tant entre Etats qu’entre équipes de recherche, conduisant à une épidémie de petites études scientifiques locales parfois de mauvaise qualité qui ont fait perdre un temps précieux et sans doute beaucoup de vies humaines. L’Académie nationale de Médecine a alerté, sans succès.

Cependant, la confiance de nos concitoyens a surtout été brisée par la mise en lumière de fraudes scientifiques. L’affaire dite du « Lancet-gate » a eu un retentissement mondial, pas seulement dans la recherche, mais aussi sur des décisions internationales et nationales concernant la santé. Les différentes déclarations (San Francisco, Singapour, Hong-Kong) ou les recommandations et prises de position du réseau européen des bureaux d’intégrité scientifique (ENRIO) sont pertinentes mais ne suffisent plus : un accord international contraignant sur le système de publication scientifique, de relecture par les pairs, et d’évaluation de la recherche, doit être impulsée par l’Union Européenne.

Mais la France a aussi été un mauvais élève.

Quelques chercheurs minoritaires mais surmédiatisés, afin d’embellir artificiellement leurs résultats, ont exclu de leurs statistiques des patients dont le traitement n’a pas fonctionné et qui sont décédés, ont inventé des données d’une manière avantageuse lorsqu’elles étaient manquantes, n’ont pas fourni des informations pourtant facilement accessibles telles que les comorbidités de leurs patients, et ont refusé de transmettre à leurs pairs les données permettant de vérifier l’authenticité de leurs résultats. La liste est encore longue. Ils ont ainsi durablement déformé et altéré l’image de la science et de la recherche.

Publier hâtivement sur une plateforme de vidéos en ligne, un graphique biaisé, issu de tests non-fiables, de données partiellement inventées, après avoir écarté celles qui ne sont pas favorables, est une communication trompeuse abusant un public en attente de solutions, faisant naître de faux espoirs.

User de notoriété pour provoquer une augmentation des prescriptions d’un médicament, puis argumenter qu’il guérit en se basant sur des sondages ou le nombre de prescriptions, relève davantage de la prophétie auto-réalisatrice que de la preuve scientifique.

Proclamer qu’un traitement guérit sur la base de comparaisons trompeuses, de patients plus jeunes ou en meilleure santé, relève de la mauvaise foi.

Remettre en cause les essais contrôlés randomisés, revient à oublier les risques de facteurs de confusion, mépriser la notion d’équipoise du risque qui est un fondement de l’éthique médicale, et gravement méconnaître les apports considérables de cette méthode dans l’amélioration de la vie des malades depuis plus de cinquante ans.

L’argument selon lequel l’éthique médicale et le soin priment sur la recherche est fallacieux : l’histoire de la science et de la médecine nous montre bien des exemples où des vies ont été sauvées, parfois dans l’urgence, grâce à des idées novatrices voire dérangeantes, mais d’autres où l’empirisme a conduit à des morts par millions, ou au mieux à gaspiller du temps et de l’argent dans des voies sans issue. Continuer de proclamer une découverte en refusant de la prouver, est une utilisation abusive de cet argument qui entretient la confusion, et ramènerait la science au moyen-âge.

Les patients ont un souci compréhensible à défendre la qualité de prescription de leurs médecins. Cependant le même niveau d’exigence doit être imposé aux chercheurs bénéficiant d’un effort national financier considérable, pour qu’ils fournissent des résultats fiables et honnêtes, afin que les médecins puissent prescrire de façon éclairée, librement, mais toujours dans les limites fixées par la loi et selon les données acquises de la science, comme l’indique leur code de déontologie médicale. Il n’y a là rien d’une coquetterie élitiste, d’une lourdeur bureaucratique, ou de pressions de quelques puissances financières : il s’agit de l’application du serment d’Hippocrate « avant tout ne pas nuire ».

La science est évolutive et a toujours avancé par controverses et retournements de paradigmes : il est heureux que nos concitoyens le découvrent. Et toute découverte commence par la sérendipité ou l’intuition. Un scientifique est libre de ses hypothèses, de sa méthode, et de défendre celles qui vont à contre-courant. Mais pour convaincre, il doit apporter des résultats transparents, exhaustifs, reproductibles, afin que ses pairs puissent vérifier les résultats qu’il proclame : préalable indispensable pour en faire rapidement bénéficier la population.

En sciences, la réputation se construit par la solidité des découvertes et des preuves, et non l’inverse.

Il est anormal d’invoquer fallacieusement l’éthique et l’obligation de soin pour refuser un essai contrôlé randomisé, et dans le même temps inclure sans autorisation des enfants de 10 ans dans un essai clinique.

Il est anormal que la carrière des chercheurs et les systèmes de financement de la recherche soient basés davantage sur le nombre de publications (dépendant parfois d’un système de publication perfectible et au modèle économique discutable), plutôt que sur leur qualité (l’Académie des Sciences le déplore depuis dix ans), alors que les instances d’évaluation de l’intégrité scientifique devraient voir leur indépendance inscrite dans la loi, pouvoir s’autosaisir et avoir un droit de décision sur les carrières des chercheurs et les financements des équipes de recherche.

Il est anormal que des publications scientifiques passent la barrière de la relecture en moins de 24 heures, dans des journaux où les auteurs sont eux-mêmes rédacteurs-en-chef ou membres du tableau éditorial.

Il est anormal qu’à l’inverse, une procédure de relecture additionnelle d’une publication scientifique, déclenchée par une société savante, n’aboutisse qu’au bout de plusieurs mois.

Il est anormal que les citations entre auteurs d’une même équipe de recherche soient comptabilisées dans certains indicateurs de référence.

Il est anormal que des directeurs d’équipes de recherche co-signent des publications dont le nombre rend impossible le fait qu’ils y aient réellement participé.

Il est anormal et très grave que des chercheurs partiellement interdits de publication pour cause de fraude scientifique avérée, se voient promus à des responsabilités encore plus importantes ou même à des fonctions qui décident des carrières des autres chercheurs, alors que leurs instances dirigeantes auraient dû les écarter définitivement de la recherche.

Durant des décennies, la fraude scientifique d’une minorité de chercheurs a bénéficié d’une impunité, et a même servi de tremplin à leurs carrières, dans l’indifférence générale.
Les scientifiques et les médecins font partie des professions inspirant le plus confiance, ce qui constitue un puissant socle de stabilité de nos démocraties. Durant cette pandémie, l’image déplorable de la recherche a l’avantage d’avoir projeté ce sujet au-devant de la scène médiatique. Utilisons ces débats passionnés dont se sont emparés tous les français, et qui ont dangereusement clivé notre société, pour provoquer une transformation salutaire. Le moment est historique : les responsables politiques ont le pouvoir de changer les structures de décision des carrières des chercheurs et enseignants-chercheurs, et instaurer un système coercitif contre la fraude scientifique avec un véritable impact sur la carrière des quelques rares qui s’y adonnent.
Contre la fraude scientifique aussi, le « monde d’après » ne doit pas ressembler à celui d’avant. »

COVID19: chiffres de juillet et aout

Petite compilation des chiffres donnés par la Préfecture depuis fin juin, avec la mise à jour du 29/08/2020
On retiendra pour 963 nouveaux cas depuis le 26/07, environ 1% de passage en réa,
pas de chiffres pour les hospitalisations en médecine, mais 3 décès, avec la progression qu’on voit, et SANS confinement, alors que nous avons aujourd’hui autant de patients en réa que la 2ème semaine du confinement… donc ne nous attendons pas à une baisse de la courbe pour la semaine prochaine.

Nouveaux cas qui continuent d’augmenter (+15%) alors que les laboratoires saturent (-200 tests par rapport à la semaine précédente) et taux de positivité qui franchit le seuil des 10%

Nombres de cas de réa/semaine et nombre total des décès depuis le 21/03.

COVID19: Courbes cas confirmés, réa et dèces au 24/08/20

Outre le doublement des cas confirmés, les courbes (établies à partir des points préfectoraux) de cas en réa et décès repartent à la hausse:
Pour rappel:
– début du confinement le 17/03, 4 cas en réa
pic atteint le 30/03 avec 19 en médecine et 14 en réa
pic atteint en réa les 18 et 19/04 avec 17 en réa
– décroissance lente des cas en médecine (0 au 1er mai) et en réa avec le décalage « logique »
-fin du confinement: total de 13 décès

Ce qu’il se passe depuis début août :
Décès:  +2 :  62 ans venant de St Martin (semaine du 08/08-14/08), et dame de 88 ans (semaine du 15/08-21/08)
Réouverture de secteurs COVID notamment en Réanimation pour des patients de St Martin et Guadeloupe: 4 lits, puis 7 lits à ce jour pleins.

Pour ce qui est de l’évolution: à suivre, mais nous ne sommes clairement pas dans les mêmes conditions de confinement, malgré le port de masque généralisé qui se généralise, beaucoup trop déplacements et regroupement d’individus… et la rentrée qui approche ne va pas arranger les choses!

 

COVID19: recommandations HAS de PEC en ville

Prise en charge des patients Covid-19, sans indication d’hospitalisation, isolés et surveillés à domicile – Synthèse (HAS, 7 mai 2020), avec 3 axes principaux :
1 ORIENTATION
– patients présentant des
signes cliniques sans gravité (formes pauci-symptomatiques, formes avec pneumonies sans signes de gravité) : le suivi est réalisé en ville, et l’isolement du patient est recommandé au domicile du patient, sinon dans une structure dédiée (hôtel thérapeutique).
– patients nécessitant une prise en charge à l’hôpital, soit d’emblée, soit en cas d’aggravation après quelques jours
– sujets contact (dont les co-habitants) : test PCR et isolement recommandé.

Le diagnostic initial est réalisé sur des éléments cliniques et virologiques (PCR +), en sachant qu’une PCR négative n’élimine pas ce diagnostic.

Outre les conclusions du diagnostic, d’autres éléments doivent être pris en compte lors de l’évaluation médicale
– recherche des signes d’alerte et de comorbidités (risque respiratoire, cardiovasculaire, rénal, neurologique, cognitif, psychiatrique, musculosquelettique, métabolique et nutritionnel),
environnement psychologique (autonomie) et familial (entourage et habitat). 

Encadré 1 – Éléments de diagnostic clinique de l’infection COVID-19
  • Toux,
  • fièvre,
  • malaises,
  • myalgies,
  • troubles digestifs,
  • troubles de l’odorat ou du goût,
  • anomalies cutanées,
  • dyspnée, susceptible de s’aggraver rapidement et pouvant survenir pendant la 1re ou la 2e semaine.

Figure 1 – Signes d’alerte devant faire discuter l’appel au SAMU centre 15 ou une hospitalisation (HAS)

Figure 2 – Diagramme décisionnel pour adopter les meilleures conditions d’isolement en cas d’infection, et décisions à prendre vis-à-vis de l’entourage et des personnes contact – HAS

L’isolement est réalisé selon les modalités suivantes :

  • information du patient et de son entourage sur les mesures de précaution vis-à-vis du SARS- CoV-2 : le patient reste dans sa chambre, toilettes et salle de bains idéalement séparées, repas pris dans la chambre ou une pièce séparée,
  • maintien des mesures barrières, de la distanciation sociale : le patient porte un masque chirurgical lors des contacts avec les soignants,
  • autosurveillance de la température 2 fois par jour et des signes respiratoires.
Tableau I – Délais d’isolement en fonction des situations cliniques et virologiques (HAS)

2- SURVEILLANCE
Pour les patients COVID-19 restant à leur domicile ou en structure dédiée, la HAS recommande un suivi régulier des symptômes, en particulier entre J6 et J12, période où le risque d’aggravation est plus important.
Une surveillance pluridisciplinaire, coordonnée par le médecin traitant, en présentiel ou à distance.
– monitoring des paramètres physiologiques au repos et à l’effort, en particulier respiratoires: fréquence respiratoire, saturation en oxygène, fréquence cardiaque et température
– dépister et prévenir les complications vitales (essentiellement cardiorespiratoires et thrombo-emboliques)
– évaluer les conséquences fonctionnelles.

Pour rappel: il n’existe pas à ce jour de traitement médicamenteux spécifique du COVID-19 ayant démontré son efficacité. Une antibioprophylaxie systématique n’est pas recommandée

3 REEDUCATION et READAPTATION 
Si nécessaire pour une reprise progressive et contrôlée de la déambulation, des activités fonctionnelles habituelles, puis d’une activité physique, en respectant la dyspnée, la fatigabilité, et la tolérance  des patients mono-déficients.

COVID19: Chiffres en Guadeloupe au 07/05/20

A partir du 5ème point épidémiologique COVID19 Guadeloupe    disponible notamment sur le site de la Préfecture de Guadeloupe et des points journaliers mis en ligne sur la page Facebook de la Préfecture de Guadeloupe, nouveau décorticage des chiffres.
Santé Publique France Antilles explique les différences de chiffres notées précédemment par un retard dans les remontées des données… nous tiendrons dorénavant compte des chiffres Préfecture de Guadeloupe.

On retient au 07/05/2020 pour la Guadeloupe: 
A) Le nombre de cas cumulés
153 cas confirmés (+1 cette semaine) avec la répartition (figure 1) entre cas importés, secondaires et autochtones.
Une positivité qui diminue encore avec 1 nouveau positif sur +/- 450 tests réalisés cette semaine , alors que le nombre de tests réalisés lui augmente encore (+150 tests par rapport à la semaine précédente).

325 cas estimés (à partir principalement des données hebdomadaires des médecins sentinelles, et du réseau Oscour, pondérées par les taux de positivité), soit +1 cas pour la semaine.

B) Les hospitalisations
Le cumul est inchangé (figure 8) ave un total de 125 hospitalisations dont 44 en réa…

– Les hospitalisations en cours au 07/05/20: 4 en réa (versus 7 dont 6 en réa la semaine précédente)

Le diagramme obtenu à partir des chiffres donnés dans les points journaliers Préfecture est le suivant.

C) Les guérisons avec retour à domicile: 104 nous dit le point Préfecture

D) Les décès: 1 nouveau décès cette semaine (à nouveau un patient hospitalisé en réa depuis plusieurs semaines) portant le total à 13 pour la Guadeloupe.

EN CONCLUSION:
A la veille du déconfinement, les indicateurs continuent leur décroissance avec une positivité autour de 0.2% et la chute du nombre de nouveaux cas confirmés ou estimés. Il reste 4 patients en réanimation (versus 19 au maximum atteint le 30/03/20).
Notons que les 4 derniers décès concernent des patients en réa hospitalisés tous depuis plus de 3 semaines.
Enfin à retenir cette semaine:
– la liste officielle des lieux de prélèvement COVID19
– le document ARS Guadeloupe de Stratégie santé territoriale de sortie de confinement

COVID19: Chiffres en Guadeloupe au 30/04/20

A partir du 4ème point épidémio COVID19 Guadeloupe disponible notamment sur le site de la Préfecture de Guadeloupe et des points journaliers mis en ligne sur la page Facebook de la Préfecture de Guadeloupe, nouveau décorticage des chiffres.
Santé Publique France Antilles explique les différences de chiffres notées précédemment par un retard dans les remontées des données… nous tiendrons dorénavant compte des chiffres Préfecture de Guadeloupe.

On retient au 30/04/2020 pour la Guadeloupe: 
A) Le nombre de cas cumulés
152 cas confirmés (+4 cette semaine) avec la répartition (figure 1) entre cas importés, secondaires et autochtones, et leur répartition géographique (figure 2).

 

Une positivité qui diminue encore (4 nouveaux positifs sur +/- 300 tests réalisés cette semaine), alors que le nombre de tests réalisés lui augmente nettement depuis l’élargissement du dépistage aux laboratoires de ville (au total +150 tests par rapport à la semaine précédente)

324 cas estimés (à partir principalement des données hebdomadaires des médecins sentinelles, et du réseau Oscour, pondérées par les taux de positivité), soit +1 cas pour la semaine. 
B) Les hospitalisations
Le cumul: la figure 8 montre un total de 125 hospitalisations dont 44 en réa…    

– Les hospitalisations en cours au 30/04/20: 7 dont 6 en réa (versus 12 dont 9 en réa la semaine précédente)

Le diagramme obtenu à partir des chiffres donnés dans les points journaliers Préfecture est le suivant.

C) Les guérisons avec retour à domicile: 95 nous dit le point Préfecture

D) Les décès: 2 nouveaux décès cette semaine (patients hospitalisés en réa depuis plusieurs semaines) portant le total à 12 pour la Guadeloupe.

EN CONCLUSION:
Les indicateurs dont la positivité autour de 1% et la chute du nombre de cas estimés (1 cas pour cette semaine versus 4 pour la semaine précédente et 28 il y a 15 jours), traduisent la quasi absence de circulation du virus (grâce au confinement). A ce jour (02/05/20) plus de patients en médecine.
Notons que les 3 derniers décès concernaient des patients en réa hospitalisés tous depuis plus de 3 semaines.
Enfin on attend toujours les chiffres entrées/sorties en réa et en secteur covid médical…