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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Données épidémio en 2016 sur l’épidemie VIH.

A l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida du 1er décembre 2017, la Cire Antilles et ses partenaires régionaux en charge de la surveillance du VIH/IST: les Observatoires régionaux de santé (ORS) et les Comités de coordination de la lutte contre les IST et l’infection par le VIH (CoreVIH) partagent  les données de l’épidémie à VIH en 2016 dans le monde et en France  et aux Antilles dans le Point épidémio VIH sida aux Antilles, 1er decembre 2017.
On retiendra notamment:
HIV 3 2016 VIH 2

 

VIHClic

vihclicVIHClic, un outil d’aide à la prise en charge du VIH conçu pour les médecins généralistes, et soutenu par le Département de Médecine Générale de Paris 7 et l’InterCOREVIH d’Ile de France.

Mon avis : parfois un peu trop « généraliste », avec beaucoup de chapitres (on s’y perd un peu)… partie la plus intéressante à mon sens  pour les médecins non spécialisés et/ou les patients dans les chapitres: « antirétroviraux/gestion » et « interactions médicamenteuses ».

Le COREVIH971.

 

corevih

Les COREVIH, ou comités de coordination de la lutte contre le VIH, sont des organisations territoriales qui réunissent tous les acteurs de la lutte contre le VIH d’une région. Ils ont été crées par décret ministériel du 15 novembre 2005.
Le COREVIH971 (Guadeloupe-St Martin-St Barth), a été mis en place le 23 janvier 2008.

Le COREVIH971 est constitué de 30 membres et leurs suppléants nommés par le Préfet pour 4 ans. Ceux-ci élisent un Président, un vice-président et un bureau.
Ces membres nommés appartiennent à  4 collèges : représentants d’institutions médicales ou médico-sociales, représentants de personnels médicaux ou para-médicaux, représentants d’associations d’usagers ou d’accompagnement de ceux-ci  et  personnes qualifiées.

Le COREVIH a 3 missions  principales :
– Coordonner l’ensemble des acteurs de lutte contre le VIH
– Améliorer la qualité de la prise en charge des patients porteurs du VIH
– Améliorer le suivi épidémiologique

Le COREVIH971 communique notamment via le facebook COREVIH971, la newsletter COREVIH (à la quelle vous pouvez vous inscrire) et le site internet COREVIH971 sur lesquels les informations sur l’infection à VIH sont mises à jour régulièrement, et notamment les adresses et horaires d’ouverture des centres de dépistage qui s’appellent maintenant les CeGIDD (Centre Gratuit d’Information, de Dépistage et de Diagnostic du VIH, des IST et des Hépatites), et sinon tous les lieux de dépistage possibles:
corevih

Bulletin des réseaux de surveillance des IST

Les réseaux de cliniciens (RésIST) et de laboratoires (Rénago, Rénachla, lymphogranulomatoses vénériennes : LGV) permettent de suivre l’évolution des indicateurs des IST bactériennes.

En 2014, les données du bulletin-des-reseaux-de-surveillance-des-IST montrent:

syphilis
– le nombre de syphilis récentes  augmente chez les hétéro-sexuels, mais surtout chez les hommes homo-bisexuels (plus de 84 % des cas)

gono– le nombre d’infections à gonocoques continue d’augmenter chez les hommes homo-bisexuels, tandis qu‘il semble se stabiliser chez les hétérosexuels.
Aucune résistance à la ceftriaxone, traitement de 1ère intention, n’a été détectée depuis 2011

– le nombre d’infections urogénitales à chlamydia  parait stable chez l’homme comme chez la femme
le nombre de LGV rectales et de rectites à Chlamydia non L est en augmentation en 2014. La quasi-totalité des cas concerne des hommes homo-bisexuels

– le niveau de co-infections par le VIH reste très élevé chez les patients présentant une rectite à Chlamydia (LGV ou rectite non L), une syphilis ou une gonococcie, reflétant une utilisation insuffisante du préservatif chez les hommes homo-bisexuels séropositifs

AU TOTAL :
Chez les hommes homo-bisexuels, le nombre de syphilis récentes, d’infections à gonocoques et de LGV continue à augmenter en 2014 en lien avec une progression des comportements sexuels à risque dans cette population.

Chez les hétérosexuels, le nombre de récentes augmente depuis 2012 tandis que le nombre d’infection à Chlamydia semble se stabiliser. L’utilisation du préservatif reste insuffisante, en particulier lors des fellations qui sont un mode de contamination très efficace pour une syphilis ou une gonococcie.

Autotests de dépistage du VIH.

Le site de la HAS fait un point sur le dépistage du VIH, et une information sur les Autotests de Dépistage de l’infection par le VIH (ADVIH), dont la vente est annoncée à partir du 1er juillet 2015, en officine et en ligne (liste des points de vente sur internet)

Un guide sur l’utilisation des ADVIH à l’intention des professionnels de santé a été réalisé, qui nous apprend par exemple que les ADVIH seront :
– des tests de dépistage rapide (TROD de 3e génération)
– délivrés sans prescription médicale
– un outil complémentaire au dispositif de dépistage actuel
 à partir d’un prélèvement sur le sang total (par piqûre au bout du doigt) ou sur le fluide gingival, est réalisé directement par l’intéressé.

– Il est important que la conservation (température et durée) et la réalisation du test suivent les conditions décrites par le fabricant.
L’utilisateur devra lire attentivement la notice avant de commencer.
– La technique  utilisée entraîne une réaction colorée, simple ou double.
– La fenêtre de lecture est d’environ 20-30 minutes. Avant et au-delà de cette période, le résultat n’est pas fiable.
Tout résultat positif doit être confirmé par un test Elisa de 4e génération en laboratoire nécessitant une prise de sang en laboratoire ou dans un CDAG/CIDDIST (futurs CeGIDD).
– L’autotest de dépistage du VIH fournit un résultat fiable sur le statut sérologique de l’utilisateur d’il y a 3 mois.
– En mars 2015, le remboursement de l’ADVIH par l’Assurance maladie n’est pas prévu. L’utilisateur prend en charge l’intégralité de son règlement. Son prix n’est pas connu.
Sida Info Service ( 0 800 840 800, appel anonyme et gratuit) propose une information sur le VIH et les ADVIH 24 h/24 et 7 j/7 avec possibilité de recourir à l’interprétariat professionnel, et à disposition sur son site www.sida-info-service.org la liste de structures de prise en charge.
– Enfin à noter concernant l’élimination des autotests: un sachet prévu à cet effet est fourni dans le kit.
En cas d’ autotest sanguin, qui s’apparente à un Déchets d’Activités de Soins à Risques Infectieux et assimilés (DASRI), il devra être apporté à un point de collecte (par exemple une pharmacie).
S’il s’agit d’un autotest sur fluide gingival, il peut être jeté à la poubelle.

Reco suivi patients VIH.

Mise à jour de juin 2014 de la fiche récapitulative du calendrier de suivi du patient VIH: fréquence et type de bilan (clinique, biologique, dépistage, examens complémentaires…) en fonction du profil du patient (traitement en cours, taux de CD4, pathologies associées…)
Un outil qui rend service…

A noter: un DU Infection par le VIH est proposé par la faculté de Médecine de Guadeloupe à la rentrée 2014.

Dépistage du VIH, en Guadeloupe.

Les TESTS de DÉPISTAGE:
la sérologie de dépistage:
Il s’agit d’un test ELISA combiné (détection simultanée des anticorps anti-VIH-1 et anti-VIH-2 et de l’antigène p24). Prescrit par un médecin ou une sage-femme, il est réalisé en laboratoire d’analyse, où il est coté B54 = 16.74 euros, et pris en charge à 100% par la CGSS.

le test rapide d’orientation du diagnostic (TROD) proposé dans les lieux de dépistage gratuit, et en attendant les résultats de l’étude en cours sur la faisabilité en ville, certaines associations sont habilitées (ENTRAIDE GWADLOUP, AIDES, et Sida Liaisons Dangereuses à St Martin).

Les LIEUX de DÉPISTAGE gratuit en GUADELOUPE sont:
1/ les CIDDIST (Centre d’Information de Dépistage et de Diagnostic des Infections Sexuellement Transmissibles), dont la liste (avec adresses, téléphones, et horaire d’ouverture) est disponible sur le site du COREVIH971:
– BASSE-TERRE: CIDDIST, anciens locaux des urgences du CHBT

– CAPESTERRE: antenne du CIDDIST du CHBT, local du planning familial
– LE MOULE: CCAS, rue Siban
– POINTE-A-PITRE:
• CLASS de Beauperthuy, à coté du centre R. Nainsouta
• Association Saint Vincent de Paul, Assainissement
– St MARTIN: 5 adresses.

2/ Les PMI, et CLASS (Centres locaux de Santé et Solidarité) où les sages femmes ont également été formées au TROD: adresses disponibles sur le site du conseil général.

3/ Les centres d’examens de santé (CES), proposent le test aux personnes majeurs, et aux mineurs avec l’accord des parents .

EN PRATIQUE en GUADELOUPE:
Le Dr Louis BEYSSAC a réalisé un travail pour sa thèse, qui a donné lieu à un article publié en novembre 2012, sous le titre
 «Identification des freins à la prescription du test de dépistage de l’infection au VIH par les sages-femmes et médecins en Guadeloupe».

LES OBJECTIFS de cette étude étaient d’évaluer le niveau de connaissance des recommandations de 2009 et d’identifier les freins à la prescription du dépistage du VIH par les prescripteurs (médecins et sages-femmes).

LE CONTEXTE:
La Guadeloupe est le second département français pour le diagnostic et la prévalence de l’infection par le VIH et du SIDA.
En 2010, le taux de découvertes de séropositivité pour l’ensemble de la population française était de 97 cas par millions d’habitants, contre 517 en Guadeloupe (après la Guyane avec 1124 , et avant l’Ile-de-France avec 235), et pour un taux de dépistage par tests de 77 pour 1000 habitants en France, contre 164 en Guadeloupe, 168 en Guyane et de 134 en Martinique.
En 2006, les nouveaux cas diagnostiqués étaient à 58,7% asymptomatiques, 14,5% symptomatiques non SIDA, 13% au stade SIDA, et seulement 12,9% au stade primo-infection (phase cruciale pour le transmission). En France, sur la même période, ces pourcentages étaient respectivement de 52%, 12%, 14% et de 22%.
En données cumulées, entre 2003 et 2009, en Guadeloupe, le profil des nouveaux séropositifs était:
57.1% des cas entre 30 et 49 ans, avec un sex-ratio proche de 1
– 16.9% des cas entre 20 et 29 ans,  avec un homme pour deux femmes
15.2% des cas entre 50 et 59 ans , avec une femme pour deux hommes
– 89 % des hétérosexuels, à 9,5 % des homosexuels ou bisexuels et à 1,4 % des usagers de drogue ou une transmission mère-enfant

– 57% de nationalité étrangère et 42% de nationalité  française.

Les nouvelles recommandations (octobre 2009) de la HAS sur la stratégie et les dispositifs de dépistage, préconise un dépistage annuel pour les habitants et originaires de la Caraïbe.

LES RÉSULTATS montrent que pour les médecins, les principaux freins à la prescription du dépistage étaient :
– la consultation pour un autre motif (41%)
– le patient connu ou proche de son entourage (26%)
– l’absence de symptôme d’infection VIH (23%)
– la présence du partenaire (18%)
– l’absence prise de risque (12%)

Le profil du patient facilement dépisté est un homme ou une femme, de 20 à 39 ans, multipartenaire, hétérosexuel ou d’orientation sexuelle indifférenciée, né en Guadeloupe, assuré social , ayant  une addiction.
A l’inverse le profil du patient difficilement dépisté est celui d’une femme, de plus de 50 ans, née en Guadeloupe, ayant ≥ 1 enfant.

A peine plus de la moitié (55%) des médecins connaissent les nouvelles recommandations, et 25.6% la recommandation de dépistage annuel pour les originaires et habitants de la Caraibe.
Par contre 95% des médecins savent vers quel spécialiste et/ou structure orienter.

En CONCLUSION:
Le niveau de connaissance des recommandations de 2009 est insuffisant.
Les freins à la prescription mis en évidence chez les prescripteurs guadeloupéens, montre 
l’importance de rappeler le caractère systématique et annuel du dépistage et de lever l’ambiguïté entre dépistage d’un patient asymptomatique et diagnostic d’un patient symptomatique.

Article relu par le Dr Louis BEYSSAC (médecin généraliste, faisant fonction d’interne aux urgences adultes et pédiatriques du CHUPPA) et le Dr Marie-Thérèse GOERGER-SOW (présidente du COREVIH971).

Source: «Identification des freins à la prescription du test de dépistage de l’infection au VIH par les sages-femmes et médecins en Guadeloupe» par les Dr Louis BEYSSAC, Dr P. KADHEL, Dr M-T. GOERGER-SOW et le Pr E. JANKY.

Infections Sexuellement Transmissibles (IST) en Guadeloupe.

Rappel sur les IST:
orsag 3

D’après l’étude REGLIST de ORSAG en 2010, les taux de positivité (proportion de tests positifs pour 100 tests réalisés) en Guadeloupe sont les suivants :

orasg xx

A noter:
– La recherche du HPV par PCR sur prélèvement vaginal, ne se fait qu’à la suite d’anomalies du frottis cervico-vaginal (ASC-US). Le taux de positivité retrouvé est de 34.5%, ce qui étendu à la population générale donne une prévalence de 24.6%.
– La recherche de mycoplasmes se fait par culture sur prélèvement génital ou sanguin. Le taux de positivité (34.5%) n’est pas interprétable, sans le décompte des germes, qui permet de distinguer l’infection, du portage simple qui est chez la femme de 50% pour U.urealiticum, et 15% pour M.hominis.

On retiendra:
– Le diagnostic chlamydia se fait par PCR sur prélèvement vaginal (la sérologie n’a plus lieu d’être prescrite). Il reste peu demandé, alors qu’on retrouve un taux élévé (3.8%) de positif.
– Le taux de 1.6% de portage de l’AgHBs (près de 3 fois celui de la Métropole: 0.65%)

Coût indicatif de ces examens de dépistage, en euros:
– sérologie VIH: B54 = 16.74
– AgHBS: B55 = 17.05
– AcantiVHC: B60 = 18.6
– TPHA + VDRL: B20 = 6.2
– recherche de gonocoque à l’examen direct sur prélèvement génital: B140 = 43.4
– recherche de mycoplasme après culture du prélèvement sanguin ou génital: B40 = 12.4
– PCR chlamydia sur prélevement vaginal: B85 =26.35
– PCR HPV sur prélèvement vaginal: B140 = 43.4