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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

01/12/21: journée mondiale de lutte contre le VIH, promotion et formation à la PrEP.

A l’occasion de ce 1er décembre, journée mondiale de lutte contre le VIH, un point actualisé sur les objectifs, et les moyens de les atteindre:
1) Objectif ONUSIDA à l’horizon 2030: 95-95-95 pour
– 95% des personnes vivants avec le VIH connaissant leur statut sérologique
– 95% des personnes infectées dépistées sous traitement durable
– 95% des personnes traitées avec une charge virale durablement indetectable
2) Indetectable = Intransmissible (Undetectable = Untransmittable en anglais) qui traduit qu’une personne séropositive pour le VIH, sous traitement antirétroviral, avec une charge virale indétectable depuis plus de 6 mois , ne transmet pas le VIH: fondement du début de la fin de l’épidémie VIH.

Le DEPISTAGE et le TRAITEMENT SYSTEMATIQUE initié dès que le diagnostic est fait restent donc des priorités avec la PREVENTION COMBINEE et diversifiée notamment de la transmission du VIH par voie sexuelle qui comprend:
– la promotion de l’usage du PRESERVATIF, avec possibilité de remboursement à 60% des preservatifs prescrits sur ordonnance (pour un an sans limite)
– le recours au DEPISTAGE régulier du VIH (autotest, TROD, sérologie) et des autres IST
– la connaissance du statut virologique VIH du/des partenaire(s)
– le recours à la Prophylaxie Post-Exposition (PEP) idéalement dans les 4-48h suivants l’exposition (utilisé depuis 1988)
– le recours au  Treatment as Prevention (TasP)  chez le partenaire séropositif sur le principe du Indétectable = Intransmissible (utilisé depuis 2008 et confirmé en 2011 par l’étude HPTN 052)
– le recours à la Pre-Exposure Prophylexie (PrEP), utilisé depuis 2012, et dont la primo-prescription initialement réservée aux médecins exerçant à l’hôpital ou dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), est depuis juin 2021 possible en ville, et dont toute personne peut bénéficie , lors de sa vie, en fonction de son exposition au risque de contamination par le VIH.
Pour faire passer l’information, je vous conseille la série lesbonnesnouvelles.org  avec 5 épidoses (1: autotest, 2: PrEP,  3: dépistage gratuit,  4: traitement ,  5: Prohylaxie Post-Expo)

Pour la formation des professionnels de santé (avec validation DPC) : la plateforme FormaPrEP  très complète et bien faite, avec 4 chapitres et plein de documents ressources très utiles, résumés rapidement ci-dessous:
1- EPIDEMIO
Malgré un dépistage en augmentation (173 tests/1000 habitants en Guadeloupe contre 87 en France entière), le délai médian de découverte reste de 3.3 ans apres contamination et dans 29% à un stade avancé.
En 2018: 6200 découvertes , soit 92/1 million d’habitants en France entiere, contre 263/1M en Guadeloupe, 287/1M en Martinique et 203/1M en Ile de France et 896/1M en Guyane!!!
D’où dans les Caraibes, la recommandation de dépister annuellement le VIH.
Compilation des études qui comptent (HPTN 052, iPrEx, Partners prEP, TDF2, START, PROUD)

2- PREVENTION OUTILS:
La PrEP avec TRUVADA et génériques c’est 86% d’efficacité dans les étude, qui dépend fortement de la bonne observance et avec une meilleure diffusion dans la muqueuse anale qui explique de meilleurs résultats chez les HS (Hommes ayant des relatons Sexuelles avec des Hommes) que chez femmes.
L’avenir: le cabotegravir 1 inj /8 semaines: 69% d’infections en moins qu’avec TRUVADA per os
Pour qui?
Les habituelles populations à haut risque: HSH (95% des 20 000 utilisateurs francais actuels de la PrEP, qui constituent 40% contaminations actuelles) , transgenres, travailleurs du sexe, migrants venant de pays à risque (qui constituent plus de 50% des découvertes) notamment femmes, les toxicos...mais aussi tous ceux qui ont plusieurs partenaires (>2 en 6 mois), n’utilisent pas le préservatif, consultent pour IST, ou post exposition…

3-CONSULTATIONS
Le medecin généraliste: 1er recours dans la prévention, et le dépistage des IST, avec des rappels bienvenus sur les traitements, et les CAT en particulier pour les patients sous PrEP.
L’autre point abordé est la prescription et le suivi des patients sous PrEP: fréquence des consultations, dépistages IST fréquents, suivi de la fonction rénale sous traitement…


Exemple 1ere PRESCRIPTION
– Ordonnance générique (168 euros pour 30 cp) pour 1 mois +/- mention non renouvelable pour revoir a 1 mois
prise avec repas ou collation // tolerance dig et meilleure absorption,
conditionnement flacon ou blister
– Vaccinations (hep B, hep A pour HSH, HPV –> 19 ans avec 3 doses (M0, M2, M6) et –> 26 ans pour HSH)
– Bilan bio initial
CONSULTATION a 1 mois +++
– vérifier absence VIH et autres IST (rappeler l’interet du préservatif)
– vaccins à mettre à jour
– vérifier l’observance

4- SANTE SEXUELLE: gros chapitre qui s’interresse aux différentes dimentions de la sexualité: psychologie, santé, addictions, érection, éjaculation, utilisation de produits… à explorer à partir de quelques questions:

 

Sources et documents à télécharger:
– le site référence en VIH : https://vihclic.fr
– avis PrEP du CNS https://cns.sante.fr/rapports-et-avis/avis-prep-2021
– sur le site de l’ANSM: la fiche d’information du Emtricitabine – Ténofovir disoproxil (TRUVADA et génériques)
et les documents suivants :
a) pour les prescripteurs:
Brochure d’information pour le professionnel de santé qui rappelle :
– les informations clés de sécurité concernant l’utilisation de l’emtricitabine/ténofovir disoproxil dans la PrEP (risques de toxicité rénale et de séroconversion VIH sous traitement) ;
– les éléments permettant d’identifier les sujets à haut risque d’acquisition du VIH-1 ;
– le risque de développement de résistance au VIH-1 chez les sujets lors d’une séroconversion par le VIH sous traitement ;
– les informations de sécurité concernant l’observance du traitement, le dépistage du VIH, et le statut sérologique du VHB.
Check-list pour le professionnel de santé rappelant les bilans et conseils à fournir lors des premières consultations et du suivi,
Fiche de déclaration de séroconversion VIH
Courrier de liaison pour faciliter la continuité avec le médecin généraliste
b) pour les patients :
Brochure « information importante »destinée à la personne consultant pour une PrEP rappelle :
– les informations que le sujet doit connaître avant et pendant la prise de l’emtricitabine/ténofovir disoproxil pour la réduction du risque d’acquisition de l’infection par le VIH ;
– l’importance d’une observance stricte du schéma posologique recommandé ;
– les informations sur le mode d’administration de l’emtricitabine/ténofovir disoproxil, sur les effets indésirables éventuels et sur la façon de conserver l’emtricitabine/ténofovir disoproxil.
Carte de rappel des modalités de prise du médicament et des rendez-vous

Enfin à lire: le DOSSIER DE PRESSE 1er décembre 2021 du COREVIH Guadeloupe Saint-Martin Saint-Barthélémy, avec les actions prévues
A retenir: la date du 24/03/2022 pour un Webinair sur la PrEP en collaboration avec l’URPS Guadeloupe 

COVID19: La piste de l’hydroxychloroquine

Copié/collé de la liste de discussion de la  Société de Pathologie Infectieuse de Langue Française: biblio du moment autour de l’hydroxychloroquine 

Il est connu depuis bien longtemps que la chloroquine (C) et son dérivé l’hydroxychloroquine (HC) inhibent in vitro la réplication des virus enveloppés dont le relargage du génome dans le cytosol par fusion de la membrane virale avec celle de l’endosome requiert une acidification. En effet, ces drogues bloquent l’acidification du pH endosomal. Ces données sont bien connues des virologues. Il a été montré il y a quelques semaines que, comme attendu, la C et l’HC ont une activité antivirale sur le SARS CoV 2 in vitro

https://www.nature.com/articles/s41422-020-0282-0

https://www.nature.com/articles/s41421-020-0156-0

Il est possible que la C et l’HC agisse également par d’autres mécanismes, et ces points doivent être étudiés. Cela n’implique pas nécessairement cependant que ces drogues ont une activité antivirale in vivo chez l’être humain. Il y a eu en effet moult essais décevants, concernant le virus de la dengue (pas de bénéfice) ou du chikungunya (effet délétère), donc conclure que ce traitement va être efficace avant de l’avoir testé est problématique. L’article du virologue X. de Lamballerie explique bien cela.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0166354220301145?via%3Dihub

Il y a quelques semaines un article de deux pages a été publié, qui dit sans montrer aucun résultat que des essais cliniques conduits en chine ont montré une efficacité.

https://www.jstage.jst.go.jp/article/bst/14/1/14_2020.01047/_pdf/-char/en

Si ces essais ont été bien conduits et les résultats probants, ils ont toutes chances d’être sous presse dans une grande revue (ou sont en voie de l’être), comme cela vient d’être le cas pour l’article sur lopinavir et ritonavir dans le NEJM. Cet essai n’a pas montré d’efficacité.

https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2001282

Dans la vidéo suivante https://www.youtube.com/watch?v=8L6ehRif-v8 Didier Raoult fait référence à ces essais sur la C/HC conduits en Chine, dont les résultats ne sont toujours pas à ce jour disponibles, et propose que ce traitement soit utilisé à large échelle. Il a également décidé de démontrer que l’HC a une efficacité in vivo contre le SARS-CoV-2 en conduisant une étude, dont les résultats viennent d’être publiés :

https://www.mediterranee-infection.com/wp-content/uploads/2020/03/Hydroxychloroquine_final_DOI_IJAA.pdf

La suppl. fig. 1 illustre que ces résultats sont préliminaires. Seul la charge virale chez des patients asymptomatiques ou peu graves a été évaluée. Il semble que certains de ces malades étaient en fin d’infection :

https://www.lyonne.fr/paris-75000/actualites/plaquenil-contre-le-coronavirus-le-temoignage-d-une-patiente-du-docteur-raoult-qui-est-guerie_13768416/

D’autre part les conditions de la publication de cet article ont soulevé des questions

https://www.redactionmedicale.fr/

Ces interrogations ne veulent absolument pas dire que l’HC n’a pas d’intérêt dans le traitement du COVID. Pour le savoir, il faut l’évaluer scientifiquement en suivant la méthodologie des essais cliniques. Ceci est en cours dans des essais qui prennent un peu de temps car travailler avec méthode le nécessite, même dans l’urgence. Au cas où une réelle efficacité antivirale / SARS-CoV-2 est prouvée, ce que tous souhaitent, il faudra préciser les indications d’un tel traitement : En prévention, pour traiter tous les cas et leurs contacts en sortie de confinement et empêcher la reprise de la transmission ? En prévention d’une infection grave chez les personnes à risque d’en développer (définir cette population). En traitement de la maladie grave ? Peut-être pas uniquement car à ce stade, l’aggravation brutale qui survient (ARDS) n’est sans doute pas uniquement la résultante d’une réplication virale incontrôlée mais d’une réaction inflammatoire qui s’emballe. C’est la raison pour laquelle sont aujourd’hui testées des drogues tels quel des anti IL1 et IL6, qui pourraient avoir un intérêt.

Enfin ces drogues sont en quantité limitées pour l’instant même si les laboratoires pharmaceutiques ont lancé en prévision d’un usage potentiel large une production massive. Dire à tous par youtube et twitter interposés et dans la presse grand public qu’il faut absolument prendre ce traitement miracle semble dangereux car cela risque engendrer une pénurie qui pourrait avoir un impact sur les patients qui en auraient le plus besoin. D’autre part ces molécules, quand bien même elles sont utilisées avec succès dans l’équipe de Didier Raoult et au-delà depuis de nombreuses années, ne sont pas dénuées de toxicité, surtout si elles sont utilisées à grande échelle. La C/HC allonge le QT, et peut donc engendrer des arrêts cardiaques, et ainsi provoquer plus de morts que sauver de vies s’il est utilisé sans discernement. De plus l’azithromycine, qui est proposé en association et pourrait avoir un intérêt également, augmente également le QT. Il apparaît donc potentiellement dangereux de proposer ce traitement de masse sans en avoir évalué les conséquences éventuelles.

Ceci n’empêche pas de nombreux collègues cliniciens, en France et dans le monde, d’utiliser l’HC dans la prise en charge du COVID, dans l’attente de résultats des essais cliniques, compte tenu de la gravité de la situation. Cette approche est différente de la communication au grand public d’informations qui semblent définitives alors qu’elles ne le sont pas.

VIHClic

vihclicVIHClic, un outil d’aide à la prise en charge du VIH conçu pour les médecins généralistes, et soutenu par le Département de Médecine Générale de Paris 7 et l’InterCOREVIH d’Ile de France.

Mon avis : parfois un peu trop « généraliste », avec beaucoup de chapitres (on s’y perd un peu)… partie la plus intéressante à mon sens  pour les médecins non spécialisés et/ou les patients dans les chapitres: « antirétroviraux/gestion » et « interactions médicamenteuses ».

Nouvelles reco dans le diabète de type 2.

Les nouvelles recommandations de la HAS sur la stratégie médicamenteuse du contrôle glycémique du diabète de type 2 sont arrivées… avec différents documents mis à disposition:
¤ La fiche mémo des objectifs glycémiques en fonction du type de patient (age, ancienneté du diabète, espérance de vie, pathologies associées…)
¤ La synthèse des recommandations (document HAS)
¤ Reco2clics: le résumé synthétique dont on retiendra le schéma thérapeutique « cas général »

dnid reco cas gen

Par rapport aux précédentes recommandations (2006), on note:
la confirmation la metformine en 1ère intention, avec une recommandation claire concernant son utilisation chez les patients insuffisants rénaux dont la clairance de la créatinine se situe entre 30 et 60 ml/min/1,73 m²: ne pas dépasser 1 500 mg de metformine par jour.
– la place des sulfamides en 2ème intention (bithérapie, et intolérance ou contre-indication à la metformine)
la disparition du paysage des glitazones
– la place en 3ème intention des inhibiteurs des alpha-glucosidases et des nouvelles molécules
• conséquence logique de la confirmation de la faible efficacité des inhibiteurs des alpha-glucosidases et des inhibiteurs de la DPP4 (baisse moyenne de 0.8% d’HbA1c), pour une tolérance que l’on sait médiocre pour les premiers, et pour les seconds un manque de recul sur les effets indésirables et un coût journalier non négligeable (Glucor® 50 ou 100 mg d’acarbose x 3/jour = 0,52 à 0,68 €/ jour, contre Januvia®/Xelevia®: 100 mg de sitagliptine x 1/jour = 1,79 €/jour)
• inhibiteurs de la DDP4, mais pour combien de temps encore sur le marché? La sitagliptine reste la seule encore autorisée (AMM) et remboursée dans cette indication. (Lire les avis de la commission de transparence de septembre 2012, et les synthèses pour en mono ou bithérapie et en trithérapie qui ont eu pour conséquence le déremboursement en mono ou bithérapie, suite au passage en ASMR IV = pas des service rendu).
• analogues GLP1 si IMC ≥ 30

Enfin pour la petite histoire, on se rappellera que les précédentes recommandations de 2006 avaient été abrogées en avril 2011, suite à un recours déposé en 2009 par Formindep, auprès du Conseil d’État contre deux recommandations de la HAS (DNID et Alzheimer), pour non respect des règles de conflits d’intérêts des experts… Dans les suites de la décision du Conseil d’Etat, la HAS était également condamnée à verser 1500 euros à l’association Formindep, et retirait « spontanément » sa recommandation dans la maladie d’Alzheimer