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Sentinelles971

Le blog d'information des Médecins Généralistes de Guadeloupe

Pénurie de vaccins hépatite B pour les adultes.

Je vous renvoie à l’article du site VIDAL, qui détaille les conditions de délivrance  uniquement à la pharmacie de l’hôpital (CHUPPA et CHBT), et pour seulement les patients ambulatoires appartenant aux populations à vacciner contre l’hépatite B en priorité, conformément à l’avis du HCSP du 14 février 2017.

  • Personnes soumises à l’obligation vaccinale dans le cadre de leur activité professionnelle : professionnels de santé ou étudiants, militaires à l’incorporation
  • Personnes non soumises à l’obligation vaccinale mais exerçant une activité rémunérée ou bénévole les exposant au risque de contamination ;
  • Personnes à risque en dehors du cadre professionnel : nouveau-nés de mère porteuse de l’antigène HBs*, personnes ayant un comportement sexuel à risque, personnes en dialyse ou ayant une insuffisance rénale chronique, candidats à une greffe, détenus.

NB: les vaccins pour enfants restent eux disponibles en pharmacie de ville.

Procédure en cas d’Accident d’Exposition au Sang (AES).

DÉFINITION: Un accident exposant au sang (AES) est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée (piqûre ou coupure) soit une projection sur une muqueuse (oeil, bouche) ou sur une peau lésée.

QUELQUES CHIFFRES, issus de la surveillance des accidents avec exposition au sang dans les établissements de santé français en 2010.
Sous l’égide du Réseau d’Alerte, d’Investigation et de Surveillance des infections nosocomiales (Raisin) et avec le Groupe d’Étude sur le Risque d’Exposition des Soignants aux agents infectieux (Geres), la surveillance des AES utilise des méthodes harmonisées au niveau national depuis 2002.
En 2010, deux établissements de soins de Guadeloupe (le CHU de Pointe-à-Pitre-Abymes, et la Clinique des Eaux Claires) participe au recueil au sein du CCLIN Sud-Ouest.

L’objectif de cette surveillance est de décrire les circonstances précises de survenue des AES pour améliorer leur connaissance et guider les stratégies de prévention qui repose avant tout sur la vaccination contre l’hépatite B des personnels, la formation, le respect des précautions standard, et l’utilisation rationnelle de matériel de sécurité.

Le risque moyen de transmission après exposition percutanée au sang d’un patient infecté est de 0,3% pour le VIH, entre 0,5 et 3% pour le VHC et entre 2 et 40% pour le VHB en l’absence de vaccination ou d’immunisation antérieure.

La transmission de virus par AES fait l’objet d’une surveillance particulière par l’institut de veille sanitaire, depuis 1991 pour le VIH, 1997 pour le VHC et 2005 pour le VHB.
En France, au 31 décembre 2009, 14 cas documentés (prouvés) et 35 cas présumés de séroconversions VIH et 64 cas prouvés de séroconversions VHC, après AES professionnels, ont été recensés. Aucun cas de contamination par le VHB n’a été déclaré depuis 2005.

Le décret n°94-352 du 4 mai 1994 relatif à la protection des travailleurs contre les risques résultant de leur exposition à des agents biologiques prévoit qu’il est de la responsabilité de l’employeur d’évaluer le risque biologique et de mettre en place les procédures requises et la mise à disposition des matériels permettant de prévenir le risque de contamination biologique (Art. R. 231-62-3, alinéa 2e).

La piqûre avec une aiguille souillée est l’AES le plus à risque de contamination. Dans la majorité des cas, la piqûre survient après le geste, au retrait de l’aiguille, lors de son recapuchonnage, avec un matériel traînant ou déposé transitoirement.

En 2010, 17 039 AES ont été recensés dont la majorité (59,9%) est notifiée par les personnels paramédicaux. Les AES sont dûs dans 51% des cas à des actes infirmiers, 19% des actes chirurgicaux, et 4% des actes médicaux.
Dans 8 cas sur 10, les AES documentés sont des accidents percutanés. Les piqûres représentent 68% des cas, les projections 18%, et les coupures 11%. Le port des gants est absent dans 29% des AES. Et dans 26% des AES, il n’y avait pas de collecteur d’aiguille à proximité.

Il est à noter que la dernière contamination professionnelle par le VIH en France date de 2004 et fait suite à une projection massive de sang au niveau oculaire.

La CONDUITE A TENIR en cas d’AES, est présentée sur les sites du Geres (Groupe d’Étude sur le Risque d’Exposition des Soignants aux agents infectieux) et atousanté (spécialisé dans les maladies professionnelles).

La conduite à tenir après un AES doit être connue de tous!
Elle est rappelée dans la circulaire inter-ministérielle n°2008-91 du 13 mars 2008 du Ministère de la Santé et du Ministère du Travail visant à préciser le dispositif permanent garantissant la possibilité d’un accès à une prophylaxie contre le VIH dans un délai court quelque soit le lieu et le mode d’exercice – public, privé ou libéral – de la personne victime d’une exposition à du sang potentiellement contaminant.

1/ NETTOYER ET DÉSINFECTER  immédiatement:
En cas de piqûre, blessure, contact avec une peau lésée:
– stopper l’activité en cours
– laisser saigner, MAIS NE PAS PRESSER POUR FAIRE SAIGNER
– nettoyer à l’eau et au savon, rincer abondamment, sécher
– réaliser l’antisepsie de la plaie par trempage au moins 5 minutes dans du Dakin®, ou  de l’eau de Javel à 10° diluée au 1/10, ou de la BETADINE® dermique (jaune), ou de l’alcool à 70°.

en cas de projection sur les muqueuses ou l’œil: rincer abondamment à l’eau ou au sérum physiologique durant au moins 5 minutes.

2/ CONTACTER IMMÉDIATEMENT UN MÉDECIN RÉFÉRENT (pour la prophylaxie du VIH) ou le médecin des urgences de l’établissement le plus proche, si possible dans l’heure qui suit pour:
évaluer l’importance du risque infectieux en fonction des éléments suivants: type d’exposition, profondeur de la blessure, type d’aiguille ou de matériel en cause, nature du liquide biologique, statut sérologique et clinique du patient source.
initier si besoin une chimioprophylaxie au plus vite, et un suivi sérologique.

On rappelle que la mise en route rapide d’une prophylaxie post-exposition par un traitement antirétroviral adapté peut réduire de 80% le risque de contamination par le VIH.

EN PRATIQUE en Guadeloupe:
CHU de Pointe-à-Pitre/Abymes: Service des Maladies Infectieuses en semaine de 8h à 16h, sinon Service des Urgences.
Centre Hospitalier (CH) de Basse Terre: Service des Urgences 7j/7 24h/24, ou CIDDIST du CHBT aux heures ouvrables.
CH de Marie-Galante: Service des Urgences 7j/7 24h/24
CH de Saint-Martin: Service des Urgences 7j/7 24h/24, ou CIDDIST aux heures ouvrables
CH de Saint-Barthélémy: Service des Urgences 7j/7 24h/24

3/ RECHERCHER ACTIVEMENT LE STATUT SÉROLOGIQUE  DE LA PERSONNE SOURCE avec les tests suivants:
– tests rapides d’orientation et de diagnostic (TROD), à confirmer ensuite par une sérologie VIH.
– sérologie VHC.
– sérologie VHB complète.

NB1: Si la personne source est porteuse connue du VIH, avec son accord, contacter son médecin pour adapter le traitement post-exposition de la personne exposée.
NB2: ce que dit le droit concernant le fait de pratiquer un test VIH sans le consentement.

4/ FAIRE ÉTABLIR UN CERTIFICAT MEDICAL INITIAL (sur un formulaire violet d’Accident du Travail/Maladie Professionnelle), par le médecin qui vous prend en charge, utile seulement si vous avez souscrit une assurance volontaire individuelle auprès de votre Caisse.
Et dans ce cas, vous devez envoyer, dans les 48h, à la CGSS de votre lieu de résidence, le certificat médical ainsi que le résultat du test sérologique pratiqué avant le 8ème jour suivant l’AES.

NOTE EXPLICATIVE IMPORTANTE, sur la couverture «Accident du Travail – Maladie Professionnelle» des libéraux: Les praticiens et auxiliaires médicaux libéraux, même conventionnés ne bénéficient pas de la prise en charge spécifique de la branche Accident du Travail-Maladie Professionnelle prévue au titre IV du code de la Sécurité Sociale (couverture à 100% des soins, appareillages et pharmacie et versement dès le 1er jour d’indemnités journalières), la condition de subordination (employeur/salarié) faisant défaut (articles L411-1 et L412-1 du code de la Sécurité Sociale).
Il est donc possible de souscrire une assurance volontaire individuelle auprès de votre Caisse Primaire d’Assurance Maladie, en faisant une demande sur le formulaire S6101C ou cerfa 11227*02.
La cotisation est basée de les revenus libéraux (compter dans les 50€/trimestre). Les prestations sont celles prévues par la législation relative aux accidents  du travail, à l’exception de l’indemnité journalière pour incapacité temporaire.
Cependant cette assurance n’est pas indispensable.
En effet, en l’absence de cette couverture spécifique, vous serez pris en charge au titre de la branche maladie comme pour n’importe qu’elle maladie, c’est-à-dire selon le taux de remboursement et le tarif conventionnel applicables (et non à 100% comme pour la branche « accidents du travail »).
Si vous bénéficiez d’une complémentaire-santé, elle prendra en charge la part restante.

5/ FAIRE LE SUIVI SEROLOGIQUE jusqu’au 3ème mois qui suit l’AES (ou 4ème mois si un traitement prohylactique a été prescrit). Ce suivi peut être prolongé jusqu’au 6ème mois en cas de risque VHC.
Adresser à la caisse le résultat des sérologies pratiquées au 3ème mois (ou 4ème mois si un traitement prophylactique a été prescrit).

6/ FAIRE ETABLIR UN CERTIFICAT FINAL au 6ème mois si tests négatifs, ou à la fin des soins, (toujours si vous avez souscrit l’assurance volontaire).

Sources: article Couverture Risque Accident Travail/Maladie Professionnelle pour le libéral sur le forum des  l’internat Antilles-Guyane, et Procédure Ameli-Val d’Oise, en cas d’AES pour les infirmiers libéraux
Biblio:  http://www.cclin-sudouest.com/pages/thema_aes.html

Article relu et corrigé par le Dr François BISSUEL, du CIDDIST du CHBT. 

Point sur l’HEPATITE B.

L’HEPATITE B: 
– est une infection virale (VHB)
– très contagieuse (50 à 100 fois plus que le VIH)
– transmissible lors des relations sexuelles, par le sang ou ses dérivés, de la mère à l’enfant lors de l’accouchement et par contacts intra-familiaux
– présente chez 1,6 % de la population guadeloupéennesoit 3 fois plus que dans la population générale métropolitaine (0.65%)
– responsable de 2400 infections aiguës/an
asymptomatique dans 70% des cas
– évolue vers la chronicité (persistance de l’AgHBs > 6 mois) dans 5 à 10% des cas.
– responsable de 1300 décès/an en France dont 50 à 60 décès/an en Guadeloupe.

Il existe un VACCIN efficace (pour lequel il y a eu une polémique non fondée sur le risque de déclencher une sclérose en plaque).
En Guadeloupe, la couverture vaccinale est de 73.5% chez les enfants de 2 ans, contre 41,9 % en métropole.

En France, le DEPISTAGE de l’antigène HBs (AgHBs) est obligatoire au 6ème mois de grossesse, et pour la population générale plusieurs stratégies de dépistage biologique des hépatites virales sont proposées par l’HAS avec des avantages, inconvénients, et coûts (B=0.31 euros) à prendre en compte.

Rappel sur l’interprétation des marqueurs sérologiques
– AgHBs (B55=17.05 euros), signe la présence du VHB
– Ac-antiHBs (B60=18.6 euros), anti-corps protecteur signe la guérison, ou la vaccination (efficace si taux > 10Ui)
– Ac-antiHBc (B60), signe un contact viral (récent ou ancien)

En pratique: le schéma qui semble le plus « rentable » (B115=35.65 euros) est l’AgHBs associé à l’Ac-antiHbs, qui permet de savoir si le patient est infecté ou non (si oui bilan à compléter), et s’il est guéri ou vacciné (si oui pas besoin de renouveler le dépistage).

En cas de suspicion d’hépatite chronique (AgHBs positif et Ac-antiHbs négatif), il convient de compléter le bilan avec : AgHBc (B60=18.6 euros), AgHBe (B70=21.7 euros), dosage ARN viral VHB (B150=46.5 euros), et ALAT.

En cas d’HEPATITE CHRONIQUE confirmée, la charge virale est le marqueur clé qui permet de distinguer:
– le portage chronique asymptomatique (charge virale faible et ALAT normales), avec un taux de guérison (séroconversion HBs) spontanée de 3 à 5 % par an.
– l’hépatite B chroniqueactive (charge virale élevée et ALAT > 2 à 5 fois la normale), dont la gravité et l’évolutivité sont déterminée par l’histologie (score METAVIR).

Les objectifs du traitement sont:
– virologique : rendre indétectable l’ADN VHB
– biochimique : normaliser les transaminases
– sérologique : obtenir la séroconversion HBe (si Ag HBe positif) associée à l’arrêt de la réplication virale et à une évolution favorable vers la guérison (séroconversion HBs)
– histologique : réduire la fibrose et prévenir la cirrhose et la cancérisation (à dépister par l’échographie hépatique et le dosage annuel de l’alpha-FoetoProteine)
L’arrêt de la multiplication virale, est obtenu dans 80% des cas.

Sources: BVS novembre 2010BEH juillet 2012, spécial hépatites B et Cguide hépatite B chroniqueBEH-Web mai 2011item 83 sur infectiologie.comEtude REGLIST ORSAG 2010

Article relu et corrigé par le Dr Magali DURAND, gastro-entérologue.